Les propositions du groupe Europe Ecologie Les Verts de Lille-Lomme-Hellemmes

Pour réussir ensemble la fin du confinement

La crise du coronavirus n’est pas que sanitaire. Elle est, à sa source, écologique. C’est à tous les niveaux, toutes les échelles qu’il nous faudra repenser le Monde d’Après, car la transition écologique n’est plus seulement une nécessité, c’est un impératif. Elle est aussi une crise sociale, qui amplifie les inégalités, la faim, l’insécurité alimentaire, l’isolement, la peur de l’avenir, les inégalités, et les violences.

Elle a fait basculer nombre de Lillois.e.s, Lommois.e.s et Hellemmois.e.s dans une précarité dont ils n’étaient que faiblement à l’abri. Nous commençons à mesurer les profonds bouleversements sociaux, économiques, démocratiques, qu’elle laissera derrière elle.

Une société fragilisée, mais mobilisée

Mais une autre espérance de société est en mouvement – car derrière cette crise, sont apparues aussi des solidarités, de nouvelles générations de bénévoles qui prennent le relai et s’activent, des citoyens qui s’auto-organisent, maraudent, font à manger ou des masques, livrent des personnes âgées ou fragiles, des voisins qui s’épaulent, des attentions nouvelles de proximité… En cette période si particulière, leur rôle fût central et indispensable, leur mobilisation plus rapide que celle de la collectivité. Les « premiers de corvée » aujourd’hui unanimement salués, parfois instrumentalisés, pourraient malheureusement basculer à nouveau dans l’oubli. Toutes et tous méritent bien plus que nos bravos et applaudissements : ils méritent notre soutien inconditionnel.

Pour une nouvelle donne solidaire et l’impératif de justice sociale

A la veille du 11 mai, et de ses prochaines étapes le 2 juin, notre responsabilité à toutes et tous est de réussir le déconfinement et d’engager la nécessaire résilience de notre ville. L’épreuve que nous traversons ne peut être comprise que dans ce qu’elle révèle au niveau écologique, climatique et social, au plan local comme au niveau planétaire. Chacun.e peut et doit y prendre part dans la mesure de ses possibilités.

Nous ne devons pas ignorer les tensions, exacerbées dans certains secteurs de notre ville qui reste très fortement inégalitaire, avec 6 quartiers parmi les plus pauvres de France, plus de 25% de pauvreté – un phénomène qui continue de s’accentuer depuis la crise financière de 2008 et réellement susceptible d’empirer, encore, avec le COVID19.

Sans attendre la mise en place d’un revenu universel d’existence, un outil de justice sociale que nous avons versé au débat en 2019, une allocation communale de base peut et doit être instaurée pour combattre la pauvreté et restaurer le principe d’égalité. Bien au-delà des aides alimentaires, nous affirmons que le rôle de la collectivité doit être d’agir structurellement contre les inégalités.

Artisans, indépendants, commerçants, auto-entrepreneurs, acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire et de la culture, l’ensemble des acteurs de l’emploi local sont menacés. Ils doivent être les premiers bénéficiaires des aides publiques pour que l’économie lilloise ne pâtisse pas davantage de cette crise. Et ce, sans tourner le dos à l’avenir : il nous faut donc orienter les aides au monde économique vers des activités soutenables, qui répondent à des impératifs d’utilité sociale, de solidarité, de genre et environnementaux.

Pour une nouvelle donne démocratique

Cette crise est aussi une crise démocratique, et politique, qui exacerbe la concentration des pouvoirs, que ce soit aux mains de notre gouvernement, de celle des Préfets ou celle des Maires. La lutte contre la pandémie a mis entre parenthèses démocratiques nos institutions au niveau local et national. À Lille, et à la Métropole Européenne de Lille, quand la majorité des grandes villes et métropoles auront maintenu un exercice démocratique autant que faire se peut, il nous faudra vraisemblablement attendre juin pour que la démocratie représentative puisse reprendre ses activités. Sans oublier la démocratie participative qui, malgré l’extraordinaire mobilisation des Lillois, Hellemmois et Lommois, est mise en pause.

Plus que jamais, nos habitant.e.s sont légitimes à penser la société lilloise de l’après. Il nous faut rapidement mettre en place pour Lille-Lomme-Hellemmes une conférence citoyenne, associant pleinement citoyen.es, expert.e.s, technicien.nes, élu.e.s qui, tout au long du déconfinement progressif, et bien au-delà, élaboreront les propositions pour une ville plus résiliente et en seront les acteurs.

Pour une ville résiliente

Cette crise sanitaire est un véritable électrochoc pour nos sociétés confinées et nos manières de vivre avec la nature, qui nous apporte au quotidien de nombreux « services essentiels et gratuits » : un air pur, de l’eau saine, une biodiversité nécessaire, une nourriture de qualité. Nous appelons à faire de notre ville et de notre agglomération un territoire résilient, capable de résister aux crises et aux chocs à venir, donc à préparer ensemble « l’après ». D’ores et déjà, nous appelons à la vigilance des pouvoirs publics : pendant la crise, abattages, défrichages sauvages, permis de construire n’ont pas été mis en pause et continuent de perturber les équilibres déjà fragiles au sein de notre ville.

Nos 13 propositions

C’est le sens de nos propositions pour engager, ensemble et aujourd’hui, ce long processus de déconfinement et de résilience, à Lille.

1. Ouvrir rapidement de nouveaux marchés de plein air et étendre leur surface quand cela est possible. Nous devons entendre la détresse des commerçants non sédentaires, et proposer de nouveaux marchés hebdomadaires, pour permettre au plus grand nombre de marchands de retrouver leurs points de vente, en respectant les règles sanitaires.

2. Partager l’espace public. Favoriser le vélo et la marche à pied comme leviers de mobilité du déconfinement, élargir les espaces piétons (devant les établissements d’enseignement, les commerces, dans les quartiers denses), poursuivre la limitation de la vitesse automobile : autant de mesures que nous devons porter dans l’urgence, avec souplesse, rapidité, en préfigurant les nouvelles mobilités lilloises de demain.

3. Adapter les transports collectifs à la période. La fréquence des bus, tramways et métro doit être modulée pour permettre aux usagers de maintenir les distances de sécurité. Il faudra veiller à ce que les portiques, dans les stations qui en sont équipées, ne créent pas des points de congestion.

4. Installer une conférence citoyenne « Déconfinement et Résilience ». Sans attendre, mettons en place une conférence citoyenne chargée de penser les prochaines étapes du déconfinement ainsi que la résilience de notre ville face aux crises. Sortons grandis de cette épreuve collective.

5. Instaurer une allocation communale de base pour vivre dans la dignité, pour lutter contre la pauvreté, et se protéger des conséquences économiques à venir. Cette allocation communale de base devra préfigurer la mise en place du Revenu Universel d’Existence pour protéger durablement les habitant·e·s de notre ville, sans omettre les sans abris.

6. Un moratoire sur les expulsions locatives, des loyers revus pour les personnes en difficulté, un habitat pour celles sans domicile fixe.

7. Créer dès maintenant le dispositif lillois « sport santé sur ordonnance » pour les patients ayant contracté le virus et pour tous les malades qui doivent reprendre rapidement une activité physique pour éviter toute dégradation irréversible de leur pathologie. Garantir un accès gratuit aux masques dès le 11 mai pour les plus démuni·es.

8. Soutenir l’activité économique favorisant l’emploi local en assurant une conditionnalité écologique et sociale des aides publiques. A l’échelle de la ville et de la MEL, devront être soutenues prioritairement les activités d’utilité sociale, culturelle et environnementale et les associations, leviers de cohésion, de solidarité et d’innovation. Afin de relancer l’activité des cafés et restaurants, fermer des rues aux voitures pour que des terrasses y soient installées

9. Mettre en place un moratoire sur la publicité numérique et poursuivre l’action engagée pour l’éclairage public, pour une transition énergétique appliquée à la collectivité comme dans les commerces. Faire respecter l’obligation d’extinction de l’éclairage des commerces.

10. Garantir à toutes et tous le droit à la nature, aux espaces verts et publics. Piétonniser des rues au sein de chaque quartier, en permettant d’avoir une activité de plein air. Faciliter l’usage des espaces publics et des cours d’école pour permettre l’accès à la culture devenu impossible en salle : théâtre, danse, musique… Négocier avec le Préfet la réouverture rapide de l’ensemble des parcs et jardins.

11. Réouvrir le réseau des bibliothèques et garantir l’accès à la culture pour tout.e.s. Mobiliser les moyens et intervenants des politiques culturelles de Lille pour décliner une offre culturelle dans les rues, les espaces publics, si besoin en pied d’immeuble, et préfigurer ainsi une nouvelle offre culturelle et populaire autour du théâtre de rue, du cirque, du stand up, des crieurs de rue.

12. Garantir l’école et le droit à l’éducation pour tous les enfants, en développant, en sus de la réouverture des classes, des programmes quotidiens de cours et d’activités, y compris numériques, mutualisés par niveau.

13. Redéfinir le calendrier et l’objet des investissements de la collectivité et définir, avec la conférence citoyenne, de nouvelles priorités socialement utiles et compatibles avec les enjeux climatiques, la solidarité, la justice sociale et l’équité territoriale.