DécouVerte d’Hellemmes samedi 19 octobre 2019
Partager

Plus de soixante personnes se rassemblent à la sortie du métro Mairie d’Hellemmes autour de Dominique Plancke et de Simon Jamelin pour cette première découVerte d’Hellemmes depuis 4 ans en ce beau samedi ensoleillé.

Petit rappel historique avant de partir en balade :

Hellemmes est citée pour la première fois en 1174. Petit bourg rural entre Lille et Tournai, la commune a toujours souffert de sa proximité avec Lille. A chaque fois que Lille a été assiégée, les assaillants s’installaient ou passaient à Hellemmes qu’ils pillaient et incendiaient : en 1214, l’année de la bataille de Bouvines, et un siècle après, lors de la bataille de Mons-en-Pévèle,

En 1667, lors du siège de Lille par Louis XIV, puis en 1708 avec l’occupation par l’armée du Prince Eugène, le village est encore détruit. C’est aussi la famine qui sévit, puis la peste. Pendant la Révolution, lors du siège de Lille en 1792, l’armée impériale laisse Hellemmes en ruine.

En 1827, la commune d’Hellemmes ne compte que 610 habitants, presque tous agriculteurs. Avec l’arrivée du chemin de fer et de l’industrie, Hellemmes va se développer et gagner des habitants. Les champs cèdent rapidement la place aux usines et aux maisons.

Les bombardements de 1943 et 1944 Hellemmes a beaucoup souffert pendant la 2e guerre mondiale A l’occasion des attaques aériennes des Alliés contre les installations ferroviaires et l’Usine de Fives, Hellemmes et Fives ont été touchées par 16 bombardements successifs. Ceux qui feront le plus de victimes ont lieu le 13 juin 1943 et en mai et juin 1944. le 10 mai 44 le quartier du Mont de Terre subit à partir de 23 h 30 un énorme bombardement qui vise le dépôt et les voies ferrées de Fives, et les ateliers. Au total Lille et Hellemmes ont reçu 1600 bombes et comptent 111 morts. Le 22 Juin à 19 h, un dernier bombardement achève la destruction du dépôt de la gare de Fives et du quartier du Mont de Terre et fait 135 morts.

L’ensemble des quartiers d’habitations proches est détruit à plus de 50%. En 1948, Hellemmes – ville martyre reçoit la croix de guerre avec la citation suivante : « a été durement éprouvée par de nombreux bombardements de l’aviation alliée. En dépit de ses souffrances, la population n’a jamais perdu sa foi en la France et a pris une part importante à la lutte pour la libération du territoire national ».

Hellemmes, commune ouvrière, est marquée par trois grand secteurs industriels sur son territoire à partir de l’arrivée du chemin de fer au milieu du 19 ème siècle  : Fives Cail Babcock, les ateliers SNCF, et des entreprises textiles.

La crise économique voit leur influence s’amoindrir à partir de 1970 et les effectifs de ces industries diminuent considérablement, entraînant un vieillissement, une stagnation et même une diminution sensible de la population jusqu’à la fin des années 80-90.

Une dynamique de liste Verte et ouverte pour mars 2020, conduite par Simon Jamelin

Avant que le groupe ne s’engage dans le Parc Bocquet, Simon Jamelin se présente et explique la dynamique de liste verte et citoyenne qu’il anime pour les élections communales de mars 2020.

En pénétrant dans le Parc Bocquet, c’est l’occasion d’expliquer l’impressionnante politique de logement menée par l’usine de Fives. C’est en 1918 que la Compagnie Fives-Lille acquiert le Château et la propriété Briancaux qui dès lors s’appellent Château et Parc Bocquet.

Dès la fin de la première guerre mondiale, l’Usine commence à développer son propre parc immobilier pour permettre au personnel d’habiter autour de l’usine. Fives-Lille possède jusqu’à mille habitations à Fives, Hellemmes, Mons et Flers. Et comme ce n’est pas suffisant, elle en loue d’autres. Tous ces logements sont attribués à son personnel. Comme dans les Houillères, le salarié ainsi logé est lié à l’entreprise : il doit rendre son habitation s’il la quitte.

C’est en 1926 que la CFL étend ici son programme de logement avec la construction de la Cité du Parc Bocquet, dont les emprises sont délimitées par la rue Roger Salengro, la ruelle Saint-Sauveur, le Parc Bocquet et la rue Marceau. Dans le Parc lui-même, à proximité du Château, 19 maisons ont été bâties en voie privée ainsi que 4 maisons d’ingénieurs. La Cité est munie de terrains de sports : boules, jeux de balles, un court de tennis (aujourd’hui transformé en verger). Rue Roger Salengro au n°178 s’élève un grand bâtiment à étages avec des appartements. Rue Jean Jaurès ont été construits plus tard 4 blocs d’appartements.

Par l’allée Debondue, nous rejoignons la rue des Ateliers de la SNCF avec sa célèbre locomotive pour aller rue Ferdinand Mathias.

Le technicentre d’Hellemmes

Construits en 1873 par la Compagnie du Chemin de fer du Nord, les ateliers d’Hellemmes occupent 35 hectares le long des voies principales de la ligne de Lille à Bruxelles. Prévus à l’origine pour l’entretien des locomotives à vapeur, la maintenance et l’entretien des voitures, les ateliers se sont adaptés régulièrement à l’évolution du ferroviaire.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la quasi-totalité des bâtiments industriels a disparu sous les bombardements. De 1950 à 1960, avec le développement progressif de l’électrification, les installations sont modernisées et reconverties pour s’adapter aux transformations du matériel. A l’époque, l’ensemble comprend une école d’apprentissage (avec un internat) et un centre social (cantine, réfectoire avec « chauffe-gamelles », cabinet médical, salle de jeux, bibliothèque, terrain de sport et salle des fêtes).

La dénomination du site ferroviaire évolue : les ateliers deviennent l’Établissement industriel de maintenance (EIM) puis l’Établissement industriel de maintenance du matériel (EIMM) avant de prendre le nom de Technicentre à partir de 2008. C’est aujourd’hui l’un des plus importants de France encore en pleine transformation.

En plus de respecter la réglementation thermique actuelle pour limiter la consommation énergétique des bâtiments neufs, le technicentre industriel  d’Hellemmes va produire sa propre énergie grâce à une centrale photovoltaïque installée sur son toit.

L’avenir de la friche H2D, un enjeu essentiel pour Hellemmes

Rue Ferdinand Mathias, nous nous rassemblons devant l’entrée de la friche de l’ancien site Québécor/H2D, dont une partie est actuellement utilisée comme parking provisoire par la SNCF du fait des travaux actuels dans le Technicentre. Nous devons rassurer l’agent de sécurité qui vient, un peu inquiète, à notre rencontre : non ce n’est pas une manif !

Avant de s’installer à Hellemmes sur un ancien site de construction de matériel ferroviaire FCB, l’imprimerie Héliogravure rachetée par Québécor en 1994, puis devenue H2D, était installée rue du Chevalier Français à St-Maurice Pellevoisin. Cette imprimerie était spécialisée dans l’héliogravure et imprimait notamment « TV Magazine », « Télé Loisirs », « Ça m’intéresse », « Le Figaro Magazine ». 230 salariés travaillaient à Quebecor, à Hellemmes, au moment de l’annonce de la fermeture en juin 2007. Ils ont fait les frais d’une concurrence, au sein même de leur groupe canadien, avec l’imprimerie de Charleroi, qui avait elle bénéficié d’un important investissement.

Rachetée en 2007 à Québécor par deux de ses cadres, Dominique Donghi et Dominique Dorchain (d’où le nom de H2D), l’usine a d’abord connu un redressement rapide. Reprise avec 102 salariés sur 230 et deux rotatives sur quatre, l’imprimerie a fait l’objet d’importants investissements. Mais dès 2011 la situation se dégrade rapidement et comme le craignaient les 82 salariés restants, l’imprimerie H2D est liquidée en juin 2012 par le tribunal de commerce de Lille. Et la friche très polluée devient rapidement un terrain de jeux dangereux, et de squats.

Le projet urbain H2D, qui est plus grand en superficie que celui du Parc de la Filature, prévoit, selon l’OAP (orientation d’aménagement et de programmation) 44 000 m2 de logements, 5 000 m2 d’espaces verts et 1 000 m2 de surfaces commerciales. Mais ce projet très dense est contesté, notamment par les écologistes et sera l’un des enjeux des prochaines élections communales. Dans l’immédiat les opérations de dépollution et de déconstruction vont être lancées par l’Etablissement public foncier.

Nous contournons le site par la rue de l’Innovation pour rejoindre la rue Chanzy, puis l’allée Watteau. Traversant la résidence Jean Bart nous arrivons rue Jean Bart. Geneviève Cresson nous raconte l’histoire du 118 de cette rue, ancienne maison de la communauté des prêtres ouvriers Dominicains fondée en 1948 par Jacques Scrépel et dont la mémoire est maintenant transmise par l’association des amis du 118 : https://www.lesamisdu118.com/les-pr-tres-ouvriers-du-118

Par la rue Alfred Delattre nous rejoignons la rue Roger Salengro en admirant la belle maison moderniste en brique jaune sur le trottoir de droite. Traversant la rue Salengro, par la rue Jean-Raymond Degrève, nous entrons dans ce qui était avant sa fermeture en 2002 le site de la filature Mossley.

La filature Mossley symbole des dégâts à Hellemmes du capitalisme financier

L’histoire de cette filature a débuté en 1892. La société Delebart-Mallet, fondée en 1830, reprenait la retorderie Delsalle en 1894, devenant la Cotonnière d’Hellemmes. Cette société, le plus important groupe français, possédait cinq établissements dont trois à Hellemmes.

La qualité des tissus réalisés avec le fil à tisser qu’ils produisaient était reconnue en France et en Europe. Mais au début des années 1990, la société est rachetée par un groupe anglais propriété de la famille Meillassoux. Dans la filature, rebaptisée Mossley, les conditions de travail se dégradent, et l’absence d’investissements entraîne peu à peu une baisse de la qualité de la production. Cette situation conjuguée à une gestion économique pour le moins opaque aboutit à la liquidation judiciaire de la filature, victime du capitalisme financier.

La lutte pour leur dignité des 123 ouvriers a profondément marqué Hellemmes dans les années 2001-2002. Marcel Trillat, a réalisé un beau documentaire : 300 jours de colère, sur cette lutte d’août 2001 à mars 2002.

Aujourd’hui, le site est occupé essentiellement par des lofts, des immeubles d’habitation, une crèche et quelques bureaux professionnels. De nombreuses réalisations prévues dans le projet initial de reconversion « Parc de la Filature » n’ont pas vu le jour. Il reste de grandes zones en friche et les espaces verts se font attendre. L’ancienne entrée de la filature et ses abords se dégradent dangereusement. La médiathèque prévue ici ouvrira finalement rue Faidherbe

Les Saprophytes, installés depuis quelques semaines au 5 de la rue Degrève est une Scop qui réunit architectes, paysagistes, plasticiens, constructeurs, graphistes. Les Saprophytes développent depuis 2007 des projets artistiques et politiques autour de préoccupations sociales, économiques et écologiques : http://www.les-saprophytes.org/

Dans l’immeuble de logements situés en face à l’angle du sentier du curé, des travaux semblent avoir repris après plus de cinq ans d’interruption du chantier.

Par la rue Lamartine, nous rejoignons la rue Fenelon que nous traversons pour nous engager dans l’allée dans le parc à l’arrière de la rue des Travailleurs pour atteindre la place Dombrowski.

La Chapelle d’Elocques

Dans ce quartier des Sarts, aussi nommé la Chapelle d’Elocques, l’usine de Fives construit plus de 300 logements en 1923 pour ses salariés, sur des terrains achetés entre le Grand Chemin de Lannoy (rue Jacquart) et l’ancienne voie des Rogations, délimité par les rues Jules Guesde, Fénelon, Etienne Dolet, et avec les rues créées pour l’occasion : Pierre Curie, des Travailleurs, Saint-Eloi, et la Place Dombrowski (un ingénieur de Fives-Lille mort en déportation).

Repris par Lille Métropole Habitat, et malgré une rénovation dans les années 80, les logements ont eu besoin d’une nouvelle remise en état. Dans ce secteur classé en « Politique de la Ville » on trouve de nombreuses familles monoparentales et des personnes très âgées, aux revenus très limités. Le vote RN est très important dans ce secteur. La Place Dombrowski est plus récente, mais l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite y est très difficile.

Nous reprenons la rue Saint Eloi, fermée aux voitures, sur laquelle a été installée une aire de jeux dont le sol souple n’a pas été remplacé.

A gauche, nous découvrons le bel alignement de la rue des Tilleuls, au milieu des jardins familiaux. 330 parcelles de jardins ont été créées à l’origine pour les ouvriers habitant les logements autour. « Une tradition du Nord initiée par l’Abbé Lemire pour éviter qu’ils n’aillent au bistrot ».

Nous empruntons la rue Jules Guesde, puis la cité Derville pour rejoindre la rue Faidherbe. Notre parcours ne nous y mènera pas aujourd’hui, mais Geneviève Cresson nous indique que le méconnu Parc Leroy, entre la rue Jeanne d’Arc et la rue Jacquard est le plus grand espace vert de la commune.

Parc Engrand : le Chapito de la discorde : En 2017, le maire socialiste de l’époque, devenu depuis sénateur LREM, décidait l’installation, par une société privée (Divan Production), d’un équipement culturel dans l’espace vert hellemmois, (sans permis de construire dans un premier temps) : un chapiteau de 900 places construit en « semi-dur ». « On a été mis devant le fait accompli, sans information, sans qu’aucune étude ait été réalisée », explique Geneviève Cresson ancienne élue EELV. « Avions nous besoin dun tel chapiteau, plutôt que d’un parc à l’usage des écoles, des associations, des sportifs, des fêtes de quartier ?  » Même si l’accès principal du Chapito se fait par le parking du supermarché voisin, l’emprise de la structure dans le Parc est en effet énorme.

Rue Jacquard, nous échangeons quelque instants avec de jeunes ados de la famille Covaci, originaire de Roumanie, qui sont hébergés dans le village d’insertion installé au bord du Parc Engrand, géré par l’AFEJI, qu accueille 5 familles de culture Rom. Ils ont vécu en bidonville à Lille, puis au sas des Pyramides avant d’arriver à Hellemmes. Leur père travaille au nettoyage des écoles d’Hellemmes et eux parlent un français parfait. Ils espèrent rejoindre prochainement un logement classique.

De la Ferme Castel au « Néo village ».

Redescendant la rue Faidherbe nous nous arrêtons au « néovillage » qui a pris la place de la Ferme Castel. Cette Ferme avait été transformée en 1963 par la famille Capon en commerce de graines, transformé en 1986 en jardinerie, qui intègre le réseau des Compagnons des Saisons. En 2015, elle quitte Hellemmes pour s’installer à Villeneuve d’Ascq.

A la place s’achève un ensemble qui comprendra 120 logements, une crèche, un béguinage pour les personnes âges, et des commerces . Il y a des logements avec un, deux parfois trois étages, des maisons de ville, un hameau et « quelque chose qui ressemble aux courées d’antan » selon les termes du cabinet d’architecture Blau qui a prévu aussi l’installation d’un terrain de sports.

Les appartements du 2 au 5 pièces se répartissent dans deux bâtiments : les Cours et Le Hameau. En principe toutes les voitures des gens qui habitent là seront garées dans un parking sous-terrain. Il a enfin gardé les hauts rosiers, héritage de la famille Capon. A première vue l’ensemble est plutôt agréable, même si les voitures sont encore bien présentes dans l’espace public.

Ecoles, artothèque, librairie, église, médiathèque, et initiatives locales

Un petit crochet par la rue Anatole France nous permet d’admirer les façades des écoles Jean Jaurès et Salengro. L’occasion pour Simon Jamelin de nous expliquer la problématique de l’état général des écoles hellemmoises, et de la répartition des écoles sur l’ensemble du territoire de la commune. http://ecolesducentre-hellemmes.over-blog.com/

Petite pause devant l’Artothèque https://linventaire-artotheque.fr/ Créée en 2009, installée ici depuis 2012 dans la maison Dewas, qui est considérée comme l’une des plus anciennes maisons de la commune, elle est dotée d’un fonds de 1100 oeuvres, et réunit des peintures, photographies et estampes d’artistes confirmés mais aussi de jeunes artistes. Elle propose un service itinérant et solidaire de prêt d’oeuvres d’art pour les habitants et structures de la région Hauts-de-France. L’ensemble de l’îlot Dewas a fait l’objet d’une réhabilitation en 2011 : http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_2740

Plus loin dans la rue, Geneviève Cresson nous vante les qualités de la librairie Dewas, la librairie indépendante d’Hellemmes. Prochainement une bibliothèque municipale digne de ce nom, raccordée au réseau des médiathèques lilloises va s’installer là où étaient les tricots Duger, toujours rue Faidherbe presque en face de St Denis.

Avec un peu de retard sur l’horaire prévu nous arrivons au pied de l’église Saint-Denis qui a la particularité d’être composée de deux parties : d’un clocher du 16e siècle, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques en 1929 (et protégé depuis de nombreuses années par un filet) et de nefs néogothiques, construites de 1871 à 1879 par Charles Leroy, l’architecte de la cathédrale Notre-Dame de la Treille et des églises voisines de Notre-Dame de Fives et de Saint-Maurice des Champs. Le clocher aurait pu profiter de la campagne de restauration des monuments historiques lillois à l’occasion de Lille 2004, mais les élus communaux de l’époque n’en ont pas eu la volonté.

La DécouVerte s’achève en principe ici. Mais il est proposé aux participants de rejoindre La Courte Échelle, créée par l’association “Les Amis du Polder”, qui est un espace d’accompagnement dédié à la relocalisation d’activités commerciales sur la commune d’Hellemmes, qui propose un espace de test et de promotion de produits issus des coopératives, du commerce équitable, de l’artisanat et des artistes locaux, mais aussi une crêperie les jours de marchés et un salon de thé les après-midi, offrant ainsi des moments de convivialité, un dispositif local d’accompagnement à la création d’entreprises et un dispositif de recensement des locaux disponibles pour permettre une plus grande facilité d’installation sur Hellemmes pour les futurs commerçants. https://www.facebook.com/la.courte.echelle.hellemmes/?ref=br_rs