La décision de la MEL de construire, avec l’accord de la Ville de Lille, une piscine olympique sur le site du Belvédère constitue une modification substantielle du projet de la ZAC St-Sauveur, ce qui a amené la MEL à l’obligation réglementaire d’ouverture d’un nouveau temps de concertation.
Le projet de ZAC à St-Sauveur, un projet déjà dépassé
Pour EELV le choix du Belvédère, seul espace vert actuel du site, pour implanter une piscine olympique est une erreur, qui ne fait que renforcer le caractère dépassé de l’ensemble du projet de la ZAC St Sauveur.
Ce site du Belvédère de 2,5 hectares, était inclus jusque 2015 dans la ZAC de la Porte de Valenciennes, dont il constituait le seul poumon vert conséquent. Sorti du périmètre de la Porte de Valenciennes et intégré dans la ZAC de St Sauveur, il y perd alors sa destination de parc pour devenir constructible et être aujourd’hui le site retenu pour y implanter une piscine olympique.
Au total l’ensemble des deux ZAC de la Porte de Valenciennes et de St Sauveur y perd un espace de respiration et de détente. Prétendre qu’il sera compensé par les jardins prévus dans les îlots 4-1, 4-2 et 5 de la Porte de Valenciennes qui resteront à l’évidence des espaces privatifs, c’est vraiment se moquer des habitants actuels et futurs.
Aujourd’hui, le projet de St Sauveur prévoit un seul parc d’une superficie de 1,8 hectare, le « jardin de la vallée ». Le reste des espaces verts comptabilisés, comme « les chemins verts des îlots nordiques », est en réalité composé de confettis de petits espaces entre les constructions.
Le projet Gehl tel qu’il est aujourd’hui ne prend pas en compte le besoin de nature de plus en plus affirmé des habitants de Moulins, de Fives, du Centre et de Lille en général. Loin d’être un quartier exemplaire, il se présente en réalité maintenant comme un projet très daté « 20ème siècle » qui ne prend pas en compte les problématiques de réchauffement climatique, de pollution de l’air et de maintien de la biodiversité. Lille risque de rater l’occasion de faire de ces 23 hectares un quartier exemplaire prenant en compte les problématiques de la COP21.
Selon Météo France, de 1955 à 2013, les températures moyennes annuelles ont augmenté de 1,37 °C à Lille, soit un gain de +0,26°C par décennie. De par sa densité, la métropole lilloise est fortement exposée aux risques climatiques dont le phénomène des îlots de chaleur. Il s’agit d’un microclimat urbain accentué par le réchauffement climatique rendant nos villes plus difficiles à vivre et encore moins respirables.
Depuis le 1er janvier 2017, la ville a vécu 18 jours de pic de pollution aux particules fines et 2 jours de pic de pollution à l’ozone.
Aujourd’hui, avec ses 17 mètres carrés d’espaces verts par habitant (tout compris, les délaissés routiers inaccessibles inclus), Lille reste une ville trop minérale et l’une des plus minérales de France. Les Lilloises et Lillois ont besoin d’espace pour respirer. Si le Parc de la Citadelle représente incontestablement le poumon vert de Lille avec ses 50 ha d’espaces boisés et de verdure, il est insuffisant. La saturation du Parc Lebas dès les beaux jours démontre le besoin d’espace de nature dans Lille même et pas seulement dans les communes voisines.
Ce projet à St-Sauveur va en réalité diminuer la surface d’espaces verts pour chacun des lillois, de 17 à 16,5 mètres carrés. Avec une population projetée d’environ 5000 habitants dans le projet actuel, il faudrait au moins 8,5 ha d’espaces verts pour maintenir le niveau actuel de mètres carrés par habitant. Concrètement, cette opération fera baisser la surface d’espace vert par habitant, ce qui est absurde, et n’est pas acceptable.
La décision de construire le nouveau Palais de Justice sur la zone humide de la plaine Winston Churchill dans le Vieux-Lille relève aussi malheureusement de la même absence de prise en compte des enjeux de climat et de biodiversité à l’échelon local et va là aussi faire baisser la superficie d’espaces verts par habitant.
EELV plaide pour la reconstruction de la ville sur elle-même et s’oppose à l’expansion urbaine de l’agglomération au détriment des terres agricoles et des champs captants. Mais cela ne doit pas se faire avec des constructions qui dégradent la vie des habitants, diminuent la surface accessible d’espaces verts et détruisent des refuges de biodiversité.
Un second poumon vert de Lille sur le site de St Sauveur participerait au contraire à la transition écologique de notre ville car il représente un véritable enjeu sanitaire, écologique, social et démocratique pour Lille et pour son agglomération.
L’exigence d’un réseau de piscines, qui ne doit pas être sacrifié à une seule nouvelle piscine olympique
Si EELV ne conteste pas a priori le principe d’une piscine sur ce site, elle ne doit pas se faire au détriment des autres quartiers. Or pour EELV l’intérêt d’une piscine aux Bois-Blancs, à l’emplacement de l’actuelle piscine Marx Dormoy, qui accueille aussi des activités nautiques liées à la présence de la Deûle, doit être réaffirmé. Quant à la piscine prévue sur le site de Fives Cail Babcock et qui était destinée à remplacer les deux piscines vieillissantes de Fives et d’Hellemmes, elle est maintenant renvoyée à une « date indéterminée », parce que personne n’ose avouer qu’elle ne se fera pas si celle de St Sauveur est construite.
A court terme, il n’y aurait donc plus que trois piscines sur le territoire de Lille-Lomme-Hellemmes pour 230.000 habitants : celle de Lille-Sud, celle de Lomme et celle de St Sauveur. Pour mémoire, dans le Nord – Pas-de-Calais, la région pourtant la plus faiblement dotée en bassins de France, il y a un peu plus de 4 bassins pour 100.000 habitants.
Il faut élargir la concertation au delà de St Sauveur pour avoir une vision plus globale
Le projet soumis à nouveau à concertation s’arrête aux limites de la ZAC, c’est à dire au pont du boulevard Painlevé.
Alors que le corridor ferroviaire à prendre en compte s’ouvre bien au delà, et, jusqu’au 92 hectares du golf de Ronchin, comprend de grands espaces aujourd’hui quasiment inaccessibles, sur les communes d’Hellemmes, de Lezennes, et de Ronchin, entre voies ferrées et autoroute A1.
Pour EELV, il faut prendre en compte l’ensemble de ce corridor écologique, en s’appuyant notamment sur le portrait-nature réalisé par l’association Entrelianes pour Lezennes et Ronchin. Il doit absolument être sauvegardé et valorisé comme espace de promenade, comme réservoir de biodiversité, comme corridor écologique permettant de favoriser les mobilités douces pour joindre le coeur de Lille à Villeneuve d’Ascq et au Parc de la Deûle.
Jusqu’ici, chaque grand projet (Stade Mauroy, FCB, et maintenant St Sauveur) ignore superbement cette extraordinaire potentialité. Pour ce corridor, comme pour l’arc nord de Lille, du carrefour Pasteur à la Citadelle, EELV demande le lancement d’une concertation pour préserver l’ensemble de ses richesses et de son potentiel écologique.
Enfin EELV rappelle son attachement à l’amélioration des liaisons piétons-cyclistes entre le centre et Fives. Nouvelle passerelle ou téléphérique, pour EELV le débat n’est pas tranché et doit être ouvert au public.
Prendre en compte les nouvelles expressions des habitants et encourager les expérimentations
La concertation règlementaire a montré ses limites, dans ce projet comme dans d’autres. Une réunion publique et un registre d’enquête, même en ligne sur le site de la MEL, ça ne correspond plus aux besoins actuels d’expression des habitants.
Dans ce projet de St Sauveur, la mobilisation citoyenne est exceptionnelle, que ce soit dans l’investissement d’habitants autour de la ferme urbaine mise en oeuvre par Lille 3000 et pérenniser par la ville, dans les contributions (un collectif inter-associatif a porté une contribution à la phase de concertation du printemps 2015), ou dans les revendications alternatives : la pétition « Lille étouffe » recueillant près de 11000 signatures, le collectif Fête La Friche et l’association Labomob qui ont su mobiliser sur le terrain des acteurs divers et nombreux, etc…
Pour EELV la Ville et la MEL doivent examiner favorablement toutes les expérimentations proposées par les habitants visant à l’occupation temporaire du site, qui, rappelons le, n’est plus une plate forme logistique depuis près de 14 ans.Pour rappel, la MEL a voté le 1er juin dernier une délibération 17 C 0467 qui prévoit que selon les circonstances et la qualité des sols, des usages transitoires adaptés pourront être mis en oeuvre.
Pour EELV, l’attractivité d’une ville c’est aussi et d’abord sa qualité de vie, qui préserve la santé de ses habitants, ses espaces de respiration, sa richesse en parcs et jardins, sa capacité à permettre les expérimentations et les innovations proposées par les habitants eux-mêmes.
La ZAC St Sauveur représente un exercice démocratique, écologique, sanitaire et social de ce 21ème siècle, celui, notamment, de la COP21. La Ville de Lille et la Métropole européenne de Lille auraient tout à gagner en s’en saisissant.
Charlotte Talpaert et Dominique Plancke, porte-parole