Rendez-vous à 14 h 30 en ce jour férié estival pour la traditionnelle DécouVerte d’Euralille de la mi-août.
Ce rendez-vous régulier (dont le premier remonte à 1995) proposé par EELV Lille a permis de suivre année après année l’évolution d’un quartier qui continue à se transformer. Dès 1989 Les Verts de Lille avaient fait part de leurs réserves sur le projet d’urbanisme fondé sur la « rupture » avec la ville existante proposé par Rem Koohlaas. L’avenir leur a donné raison. Depuis plus de 15 ans les aménageurs de la société Euralille s’évertuent à corriger les erreurs initiales et à recoudre les liens entre Euralille et les autres quartiers.
Aujourd’hui nous remonterons le temps en allant de la Porte de Valenciennes à la gare Lille Europe. La Zac de la Porte de Valenciennes créée en 2006 a en effet prolongé les ZAC Euralille 2 et Euralille 1 engagées dès le début des années 90.
32 personnes se rassemblent autour de Dominique Plancke au départ de la visite à la sortie de la station de métro de la Porte de Valenciennes. Quelques gouttes de pluie nous accompagneront sporadiquement tout au long du parcours.
Porte de Valenciennes : un paysage urbain complètement transformé en quelques années.
La configuration de la Porte de Valenciennes a été complètement transformée depuis deux ans. La tour Clémenceau a été réhabilitée. Elle abrite toujours au rez de chaussée la Galerie Carré Bleu qui travaille beaucoup avec les habitants du quartier et la Pharmacie du Sud qui profite de la proximité de l’hôpital St Vincent. Les barres dites du Petit et du Grand Clémenceau ont été démolies quelques années après les barres Marne et Somme. Au total en quelques années ce sont 346 logements qui ont été démolis ici. Le relogement des dernières familles du Grand Clémenceau a été long et compliqué. Le siège de LMH est vide depuis le déménagement sur la zone de l’Union à Tourcoing le 11 mai dernier.
Le double rond-point qui reliait la rue de Cambrai à Fives et l’ancien périphérique est en train d’être démantelé : un nouveau boulevard planté d’arbres et avec une noue de récupération des eaux de pluie en son milieu rejoint le Boulevard Painlevé (qui fut boulevard périphérique pendant presque 30 ans) et le boulevard de Belfort, assurant la jonction directe entre Euralille et le quartier de Moulins.
L’ONERA, vestige d’un vaste programme dédié à l’enseignement et à la recherche
A droite, la rue des Alouettes (du nom d’un ancien passage souterrain qui reliait Moulins au Mont de Terre sous l’ancien périphérique) donne sur la façade de l’Onéra, ancien Institut de Mécanique des Fluides. Ce passage avait lui même repris le nom d’un chemin qui menait à un moulin.
L’Institut de mécanique des Fluides a été construit en 1934, à proximité de l’aérodrome aujourd’hui disparu et constituait un ensemble consacré à la recherche aéronautique. L’espèce de grand silo construit en 1938 abrite la soufflerie verticale. L’ONERA qui est aujourd’hui sous tutelle du Ministère de la Défense a été rénové en 2004.
L’Institut faisait partie d’un vaste programme décidé par la municipalité lilloise après la première guerre mondiale et dédié principalement à l’enseignement et à la recherche. La construction du périphérique en 1970 et les démolitions successives rendent illisibles le plan d’origine. Mais on y trouvait l’Institut de Médecine légale, et la résidence universitaire Georges Lyon, (aujourd’hui disparues), l’IMF, l’école de Plein Air, l’Observatoire et le Jardin des Plantes.
De part et d’autre du nouveau boulevard s’élèvent des immeubles : 1000 logements sont attendus en 2020, dont un tiers de logements sociaux, mais aussi des bureaux (avec le siège de Partenor), un groupe scolaire et des équipements collectifs. Les premiers habitants sont arrivés en 2012, et certains ont l’impression de vivre depuis dans un chantier. Lors de la campagne municipale de mars 2014 la liste EELV conduite par Lise Daleux avait proposé l’utilisation des espaces situés sous le viaduc du métro en espaces plantés et en espaces sportifs de proximité. Cela sera fait ici avec un espace sportif à proximité de la rue de Valenciennes.
Trois équipements en un
Entre le Boulevard, la rue Jean Prouvé et l’avenue Denis Cordonnier s’achève un bâtiment qui intrigue les passants, de par son architecture et de par les matériaux qui recouvrent ses façades, dont l’une est très colorée. Le Centre Stéphane Hessel qui doit être livré en octobre doit abriter trois équipements : le CISE (centre des innovations socio-économiques) qui regroupera des entreprises liées à l’économie sociale et solidaire, l’Auberge de Jeunesse (qui quittera ses locaux de l’ancienne maternité Salengro) avec une capacité de 200 lits, et un centre de la petite enfance de 70 places.
Parmi les élus à l’origine du projet il y a Lise Daleux (qui était adjointe chargée de la petite enfance dans le mandat précédent) et Christiane Bouchart, conseillère municipale EELV en charge de l’économie sociale et solidaire. Celle-ci l’avait présenté il y a quelques mois lors d’une visite de chantier : L’Auberge de Jeunesse et le CISE partageront des espaces communs : salle d’exposition, de réunions et de conférences. L’équipement dédié à la petite enfance sera autonome, pour des raisons règlementaires.
Ce nouveau bâtiment est situé à peu près à l’emplacement de la Maison Georges Lyon construite dans les années 30, qui était réservée aux étudiants qui « y trouveront les conditions matérielles, le milieu intellectuel les plus propices à leurs études. Construite spécialement pour son affectation particulière, elle dispose de 200 chambres meublées, pourvues de tout le confort moderne : chauffage central, électricité, distribution d’eau chaude et froide. La Maison comporte également des services annexes : restaurant, salle de réunion, salle de jeux, bibliothèque de culture générale, salles de bains et de douches, infirmerie, salles d’éducation physique, jardin, installations sportives. » Avec la Maison Georges Lefevre qui existe toujours à l’extrémité du Bd Louis XIV, qui est elle alors réservée aux étudiantes, elle constitue la Cité Universitaire de l’époque.
L’enjeu de la Gare St Sauveur
En franchissant le pont qui enjambe les voies de chemin de fer qui menaient autrefois à la gare de marchandises St Sauveur, on prend conscience de l’emprise de ce site aujourd’hui en friche qui rejoint le boulevard Lebas.
La Ville de Lille a retenu un cabinet d’architecture danois, celui de Jan Gehl, pour élaborer un plan masse du futur quartier qui doit y prendre place. Après plusieurs réunions de présentation et de concertation du projet, le projet construit ne fait pas l’unanimité, considéré par beuacoup comme trop dense et ne faisant pas assez le lien avec Fives. Un architecte lillois, Antoine Kubiak rejette le projet Gehl et propose de transformer l’ensemble du site en parc urbain qui prolongerait le parc Lebas vers Fives.
Sans retenir l’idée d’un parc sur l’ensemble du terrain, Lise Daleux, adjointe EELV chargée de l’environnement, estime que la superficie réservée à la nature est trop réduite dans le projet Gehl. Elle précise sa position dans un article publié au printemps dans Croix du Nord. S’agissant d’un projet qui doit aboutir au mieux à l’horizon 2030, il est pour EELV encore temps d’amender le projet de Gehl.
La ZAC Euralille 2
De l’autre côté du pont (sous lequel survivent plusieurs personnes sans abri), nous entrons dans la ZAC Euralille 2 qui s’étend sur 22 hectares. Le CNFPT qui était anciennement rue Meurein, est installé rue de Bavay depuis un an, isolé aujourd’hui. Les services du Rectorat et de l’inspection académique devraient le rejoindre sur le terrain situé à côté, d’ici deux ans.
Le Bois-Habité, un quartier qui finit par se boiser, mais dont la vie reste absente.
Nous cheminons à travers les allées piétonnes du Bois Habité. Toutes les constructions de ce quartier sont aujourd’hui achevées. Les premiers habitants ont vécu dans un chantier pendant 6 ou 7 ans. Les arbres ont poussé, commençant à justifier l’appellation de « Bois », mais pour certains, plantés trop près des façades commencent à poser des problèmes aux habitants. Si des restaurants et une supérette se sont finalement installés sur l’avenue Hoover, on ne peu pas dire la vie de quartier se soit vraiment développée dans ce quartier coupé du Centre et de Fives. Les gens qui travaillent dans les bureaux autour (URSSAF, Conseil Régional, France Bleu, Lutti,…) ne font que croiser ceux qui habitent là (près de 600 logements ont été construits, sans compter un hôtel et une résidence hôtelière). Il faudra voir si à l’avenir ce micro-quartier pourra créer des liens avec Moulins par la Porte de Valenciennes ou avec le Centre par St Sauveur.
Le siège de la région Nord Pas de Calais accueillera à partir de janvier 2016 les réunions du Conseil Régional de la nouvelle région Nord Pas de Calais Picardie. Il faudra ajouter les noms des communes de Picardie aux noms des communes du Nord Pas de Calais qui sont inscrits sur les vitre du bâtiment. Aujourd’hui tous les services de la Région Nord Pas de Calais n’ont pas trouvé place dans le siège, du fait des transferts de compétences qui ont été opérés depuis la décision de construire le siège (Ports, aéroports, personnels TOS des lycées, service de l’inventaire de la DRAC…). Le beffroi du siège de région a été adopté par les faucons pèlerins qui nichent à nouveau à Lille : ils viennent souvent y déguster leurs proies.
D’Euralille 2 à Euralille 1
Petite curiosité : un mouvement tellurique a affecté le pavage entre la Région et Lille Grand Palais. Début juillet au cours d’une période de canicule, une espèce de vague de quelques centimètres de haut s’est formée sur toute la largeur du passage. Quelques jours plus tard les services de la Métropole, craignant sans doute une éruption volcanique, sont venus l’entourer complètement de barrières métalliques. Les paris sont maintenant ouverts sur le temps qui va se passer avant que la situation évolue.
Le terrain en friche entre le Siège de Région et Lille Grand Palais, le long de la rue des Cités Unies est répertorié dans les documents d’Euralille comme « le champ libre » . Le Plan local d’urbanisme a été modifié il y a deux ans pour y permettre la construction d’un hôtel de grande capacité. Mais depuis rien n’a bougé. Il est aussi prévu que le fond de la parcelle puisse accueillir une extension des surfaces d’exposition de Lille Grand Palais. Mais là aussi on en parle depuis 15 ans.
En arrivant à Lille Grand Palais, on rejoint la ZAC Euralille d’origine. Lille Grand Palais est le seul bâtiment conçu à Lille par Rem Koolhaas, l’architecte et urbaniste néerlandais qui a été chargé par Pierre Mauroy en 1989 de la conception d’Euralille. Le bâtiment abrite trois équipements : le Zénith, un centre de Congrès et un centre de Salons.
Aujourd’hui l’ensemble Grand Palais-Siège de Région crée de fait une coupure dans la continuité urbaine entre Lille Europe et le Bois Habité. A pied, c’est une promenade très peu agréable.
Une fois les voies de chemins de fer qui desservent Lille Flandres franchies, par un petit escalier le long de l’immeuble de la Caisse d’Epargne, nous accédons à l’avenue Willy Brandt. Dans les projets de la SPL Euralille, cette avenue ne devrait prochainement plus déboucher Place des Buisses, mais servir uniquement de desserte.
La ferme Marcel Dhénin une rescapée d’Euralille
Remontant l’allée du fort Ste Agnès (du nom d’un ouvrage fortifié avancé détruit pour permettre le passage du TGV), nous accédons par un petit escalier en bois au Parc des Dondaines. Cette partie qui longe le Casino n’a pas aujourd’hui d’affectation. Selon Lise Daleux, elle devrait bientôt servir de pâture aux animaux de la Ferme des Dondaines.
Le Parc des Dondaines était un bidonville jusqu’au début des années 70. C’est devenu un « parc de loisirs », qui a été rogné une quinzaine d’années plus tard par le TGV et la déviation du périphérique. Mais la Ferme des Dondaines, qui porte aujourd’hui le nom de son initiateur, Marcel Dhenin, créateur d’Animavia, longtemps menacée, a survécu, en partie grâce à la crise financière qu’a connu Euralille en 1995, mais aussi grâce à la mobilisation des écologistes. Ouverte tous les jours sauf l’hiver, 50.000 personnes la fréquentent maintenant chaque année, notamment les enfants des écoles et des centres de loisirs. Elle abrite aussi le Rucher école municipal qui forme chaque année une promotion de 20 apiculteurs amateurs. La liste d’attente est longue…
De l’autre côté de la rue Eugène Jacquet, SPL Euralille travaille depuis plusieurs années sur une « reprise » de la ZAC Euralille 1, autour des 2 gares. Baptisé Euralille 3000 (3000 est un nombre qui plaît au Maire de Lille) ce projet prévoit entre autres de repenser complètement l’entrée de la Gare Lille Europe du côté de l’inepte Place de Valladolid, de construire des immeubles de bureaux à cheval sur le périphérique côté St Maurice-Pellevoisin, une nouvelle passerelle entre le Jardin des Géants et le Parc Matisse, des constructions autour du Parc Matisse, et autour de la caserne Souham. Le projet très contesté lors de notre DécouVerte de l’an passé d’un barre le long du viaduc Le Corbusier semble abandonné.
Quand il y a une faille, la voiture s’engouffre toujours
Il y avait une zone de dépose-minute le long de la place de Valladolid très utile pour déposer ou récupérer un passager à la gare Lille-Europe : malheureusement la barrière a été arrachée depuis 2 ans et depuis c’est devenu une zone de stationnement longue durée gratuite. Personne ne semble en mesure que ce soit à la SPL Euralille, à la Ville de Lille ou à la MEL de trouver une solution.
De la même façon, depuis 1994, personne n’a trouvé de solution pérenne pour empêcher le stationnement sauvage sur l’allée de Liège et la Place François Mitterrand : la dernière tentative avec des bornes amovibles à l’entrée de l »allée de Liège n’a tenu que quelques semaines. Et aujourd’hui le stationnement sauvage a hélas repris ses droits.
Conséquence de la loi Macron (qu’EELV a combattu) : la MEL vient de réaménager l’avenue de Turin devant Lille-Europe pour accueillir les 3 opérateurs d’autocars qui ont annoncé leur venue à la suite d’IDBus et d’Eurolines.
Place de Rotterdam un panneau nous annonce l’aménagement d’un café brasserie à l’extrémité du hall de la gare Lille Europe, au pied de la Tour du même nom. Lors de la DécouVerte d’août 2014, nous nous étions moqués de cette volonté de la SPL Euralille de mettre des cafés et des brasseries dans tous les lieux ou Euralille ne vivait pas bien.
Cet aménagement va en tout cas faire disparaître ici l’ahurissante façade en troncs, rondins et plastique qui fermait cette façade de la gare depuis 20 ans.
Rendez-vous pour la prochaine découVerte samedi 10 octobre à 14 h 30.
Photos de Martine Verquère, Marc Santré et Dominique Plancke.