Secteur des deux portes : les futurs aménagements urbains n’ont pas à renforcer la place de la voiture !
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Le groupe EELV de Lille a déposé ce vendredi 6 janvier 2012 sa contribution concernant le projet d’aménagement du secteur dit « des deux portes » (portes des Postes et porte d’Arras). Les contours en ont été présentés le 15 décembre dernier à Lille Sud. Il s’agit à la fois de traiter la coupure du périphérique entre Lille-Sud et le reste de la ville, et de prévoir des aménagements tels que le centre commercial Lillenium – contre lequel le groupe local s’est déjà exprimé, la cité des métiers et de l’artisanat, des programmes de logements, de nouvelles rues…

Pour que ce projet puisse être mené à bien, le Plan local d’urbanisme doit être modifié (par l’assemblée de LMCU), et c’est à ce titre que les citoyens étaient préalablement invités à s’exprimer. Vous trouverez ci-dessous le texte de la contribution du groupe local EELV Lille, qui regrette une procédure publique peu lisible et un projet favorisant l’usage de la voiture, ceci en contradiction avec les objectifs du Plan de déplacements urbains voté en avril 2011.

Lille, le vendredi 6 janvier 2012

Les projets de renouvellement urbain sur le site des « deux portes » sont importants pour notre ville et comptent autant de projets publics que privés. Ils nécessitent une vision d’ensemble de ce vaste secteur et une révision simplifiée du plan local d’urbanisme (qui fait suite à d’autres procédures antérieures).

Tandis que des projets sont exposés à la « maison du projet », la procédure de révision simplifiée fait actuellement l’objet d’une « concertation préalable ». Le tout est assez complexe. Le dossier de concertation du PLU aurait gagné à être plus pédagogique sur l’enchevêtrement des études et des procédures, et à expliciter plus clairement :

  • le déroulé de la procédure de révision simplifiée (la concertation, et après ?),
  • le rôle spécifique de cette procédure pour la réalisation des projets.

 
Symétriquement, les réunions publiques et expositions à destination des habitants évoquent marginalement (quand elles sont évoquées) les procédures règlementaires liées aux projets. Certes, les procédures règlementaires sont « techniques » mais elles sont aussi un espace formel d’expression des citoyens, et leur qualité est importante à cet égard. Notre groupe politique s’était déjà exprimé en ce sens lors de la modification du PLU visant à réduire la « servitude ferroviaire » sur le site du futur «Lillenium».

La révision simplifiée du PLU du secteur entre les deux portes transformant la zone UG en une nouvelle zone UAd concerne un secteur très étendu. Les règles et orientations de cette révision simplifiée s’appliqueront en effet à une zone couvrant 300 hectares d’un seul tenant, dont une grande partie est destinée à être reconstruite. Elle marquera donc profondément et durablement l’environnement urbain de l’ensemble de ce secteur séparant Lille intra-muros du quartier de Lille Sud.

De nombreux projets d’aménagements et économiques sont prévus dans le secteur soumis à la révision du PLU, l’hypermarché Lillénium notamment, contre lequel notre groupe politique se mobilise, mais aussi : une future Cité des métiers, le centre Essensole, un nouveau collège de Moulins et une nouvelle gare TER. Nous regrettons que des informations factuelles, chiffrées, que des descriptifs précis ne soient pas joints au dossier de consultation. Cela semble en effet indispensable pour pouvoir mesurer l’impact des modifications envisagées sur l’urbanisme. La Ville de Lille aurait pourtant déjà « dessiné et estimé » une partie de ces projets (cf article de La Voix du Nord du vendredi 16 décembre 2011).

Sur le fond, un élément retient principalement notre attention : le PLU révisé dans ce secteur ne prend pas en compte les orientations du Plan de Déplacements Urbains (PDU) adopté par le conseil de communauté de Lille Métropole en avril 2011.

Le PDU d’avril 2011 s’impose légalement au PLU. Parmi les orientations majeures de mobilité, le PDU fixe l’objectif de baisser la part modale de la voiture de 56% à 34% de l’ensemble des déplacements en 2020. Aucune référence n’est faite à cet objectif du PDU dans le dossier de consultation. Le dossier préfère insister sur la réalisation de nouvelles passerelles pour les modes doux. Ces « agrafes paysagères » semblent peu fonctionnelles pour des trajets utilitaires. Les tracés ne semblent pas se connecter efficacement aux itinéraires cyclables inscrits au PDU.

Mais pour rendre véritablement attractifs les modes dits doux, avant la réalisation de nouvelles infrastructures piétonnes et cyclables, c’est pourtant bien la réduction de l’usage de la voiture dans l’espace public qui est indispensable.

Pire : lors de la réunion publique au Jardin des modes le jeudi 15 décembre 2011, la Ville de Lille a annoncé étudier en partenariat avec Vicity, promoteur de l’hypermarché Lillénium, la réalisation de voiries et de carrefours plus capacitaires pour les voitures : rue Courtois, rue Simons et percement d’une voie spécifique pour les camions dans le prolongement de la rue Marquillies.

Tout est bien fait pour renforcer la place de l’automobile.

Ce constat est d’autant plus étonnant que la réduction de la part de la voiture dans les déplacements est aussi la condition essentielle d’une amélioration de l’environnement et de la sécurité des déplacements dans un secteur où les aménagements autoroutiers et routiers ont peu épargné la qualité de vie des habitants.

En conclusion, nous demandons que les dispositions contenues dans ce dossier de concertation préalable pour une révision simplifiée du PLU dans le secteur « des deux portes » soient revues ou précisées au regard de l’objectif de la Ville de faire de Lille, une ville véritablement solidaire et durable.

Pour le groupe local Europe Ecologie Les verts de Lille,

Mathilde Steinauer, secrétaire.