Ce mercredi 23 juin ATD Quart Monde ont présenté au centre social Mosaïque une « action-recherche » lancée à Fives, qui est un projet pilote au niveau national.

Cette action a reçu dés 2009 le soutien de Lise Daleux, déléguée notamment à  la famille et la parentalité. C’était un pari, tant la démarche venait bousculer des habitudes. Ce partenariat inédit entre ATD Quart Monde, les services sociaux, la mairie, les structures du quartier et une équipe d’étudiants-chercheurs a déjà  fait ses preuves.

Une volonté d’action liée à  un désir de comprendre

« ATD Quart Monde veut contribuer à bâtir une société où chacun sera respecté dans son égale dignité et y aura sa place pleine et entière », c’est à  dire :

> En finir avec la misère et l’exclusion,

> Faire en sorte que les plus pauvres accédant comme tous à  leur droits fondamentaux et ne dépendent plus du bon vouloir des autres.

Le mouvement initié en 1957 à  Noisy-le-Grand ne cesse d’inventer des formes d’action et d’engagement. L’action-recherche à Fives découle de cette même volonté. Le désir de mener cette action nouvelle à  Fives émanait d’une part des actions déjà  menées par ATD et d’une bonne connaissance préalable; d’autre part de la spécificité du quartier : qui présente à  la fois des situations de grande précarité et un renouvellement de population, allié pour une part à  une rénovation urbaine… situation qui engendre évidemment des politiques publiques en faveur de la « mixité sociale », terme soumis à  discussion.

Pour mener à  bien cette action ATD Quart Monde a sollicité le soutien de la ville, non seulement financier mais comme partie prenante. L’association a par ailleurs commandité une étude à  des étudiants en master pro de développement social (Lille 3) qui ont suivi entre autres les actions conjointes menées par ATD et des structures du quartier. ^[1]

Lise Daleux, déléguée notamment à  la famille et à la parentalité, a vite saisi l’intérêt de la démarche, puisqu’elle s’appuie d’abord sur une logique de partenariat ville-institutions-associations qui « oblige » chacun à  décaler son point de vue, et d’une certaine manière à  reconsidérer ses missions.

L’enjeu est de saisir à  l’échelle d’un territoire pertinent (un quartier en transformation) les leviers et les blocages du « vivre ensemble », autre terme discuté. Concrètement, cette action-recherche – dédiée aux familles en grande difficulté, avec de jeunes enfants – aide aussi la ville à  comprendre pourquoi des familles ne parviennent pas à  bénéficier des dispositifs existants.

« On sait qu’une partie des habitants ne peuvent pas s’approprier les moyens d’être en société », rappelle Lise Daleux. Tout l’intérêt de l’approche proposée par ATD est de créer des passerelles entre des habitants en situation de repli et les autres habitants, les structures du quartier, les services sociaux.

Un temps d’action…

Après un temps de repérage, ATD Quart Monde – avec deux salariées à  mi-temps – a suscité des actions communes issues de la rencontre avec des habitants et les structures du quartier.

> Un colportage de livres pour enfants à  la Cité Lys, en lien avec l’association Paroles d’habitants a donné lieu à  une véritable prise de parole des parents, permettant de nouer des contacts entre les familles, et de mieux appréhender la lourde réhabilitation de la cité dans le cadre de l’ANRU.

> Une fête sur un « micro-territoire » a été préparée très en amont avec les habitants et le centre social Mosaïque hors les murs pour l’occasion, avec un souhait de prolongement exprimé par les habitants.

> Un travail avec trois écoles a été effectué une année durant pour imaginer un récit (celui de la tortue) puis une mise en scène élaborée par les enfants et des parents qui jusque là  ne s’étaient jamais impliqués dans l’école.

Ces actions ont été à  chaque fois l’occasion de nouer ou resserrer des liens avec des travailleurs sociaux, des services de protection de l’enfance, le centre social, le café des enfants « Les Potes en ciel »… Un partenariat qui ne fait que commencer, car le but est bien de créer des liens, pour inciter les habitants à  rejoindre ce qui existe déjà .

Un temps de recherche et de réflexion…

Pour réaliser ce « diagnostic en marchant » et favoriser les moyens de « passer des portes », de se sentir en confiance, l’action est liée à  une réflexion sur le sens et les modes de la participation des habitants à  la vie de leur quartier.

L’étude menée par les étudiants en master 2 vise à  fournir aux structures du quartier et à  la ville des éléments pour la connaissance du quartier et des outils de réflexion. Deux axes sont privilégiés :

> Essayer de dégager les représentations diverses de certains mots, comme « participation », « mixité sociale », « vie de quartier »…

> Identifier les ressources des habitants pour participer à  la vie de quartier.

La première restitution des étudiants ce mercredi 23 juin a déjà  mis en évidence des difficultés et des atouts, de même que la diversité des points de vue et d’approche, battant – parfois – en brèche quelques idées reçues. Par exemple que l’on ne peut pas simplement rejeter l’entre-soi au nom d’un idéal de mixité sociale.

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La restitution publique et le débat qui s’en est suivi témoignent de la réalité de la rencontre : des parents, des commerçants, des éducateurs, des travailleurs sociaux, mais deux élues seulement (dont Lise Daleux). Dans les échanges il fut question de droits et de devoirs, de règles communes, de confiance instaurée, de crédibilité, du temps nécessaire à  la rencontre.

« Ce qu’ATD sait faire, c’est franchir des seuils que d’autres ne peuvent pas forcément passer » souligne une assistante sociale. Des passerelles à  perpétuer pour que le rapport à  l’autre soit pour chacun une occasion et non un obstacle.