Intervention de Christiane Bouchart (groupe Europe Ecologie Les Verts) – Présentation du 3e plan pluriannuel de développement de l’économie sociale et solidaire – conseil municipal de Lille le 23 mai 2011
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Madame le Maire, mes chers collégues, Mesdames, Messieurs
Je vais ce soir vous présenter nos perspectives à 5 ans pour le développement de l’économie sociale et solidaire, économie du lien plus que du bien – et ceci dans la continuité de notre soutien indéfectible depuis 2001.
Notre premier plan intitulé LEALille a été l’occasion :
- de permettre la connaissance et la reconnaissance des réseaux et acteurs ;
- d’aider à structurer des filières, comme la finance solidaire ;
- de consolider les outils d’accompagnements – comme les coopératives d’activités et d’emplois ;
- de faire émerger des projets innovants comme la SCIC d’auto partage.
Notre second plan – qui s’achève – aura permis de répondre à des besoins nouveaux, de mieux s’ancrer dans nos quartiers, d’être le fer de lance de la politique communautaire de ce secteur…. Pour entrer dans le vif du sujet, je vous propose de découvrir quelques points de vue d’entrepreneurs solidaires.
Vous allez y voir que la création de richesse n’est pas que monétaire.
(Passage du film)
Vous le constatez : l’évaluation de ce second plan montre des résultats positifs tant quantitatifs que qualitatifs.
Nous avons aujourd’hui des projets économiques qui s’amplifient et se mutualisent. On vient de le voir avec La Trace des fées – 3éme entreprise du groupe tandem (69 salariés) – qui propose du service aux entreprises en s’appuyant sur les sociétés du réseau de l’économie sociale et solidaire…
La grappe d’entreprises Initiative et Cité est le premier cluster dans le champ de l’économie sociale et solidaire reconnu par la DATAR – avec 13 entreprises qui mutualisent aussi leurs services…
Nous avons accompagné directement prés de 500 emplois, cela sans compter les emplois indirects. Or, on vient de voir que Smart – membre du cluster Initiative et Cités – accompagne 900 projets artistiques et culturels dont 400 sur la métropole.
Et ce plan est un levier financier puisque pour un euro dépensé par la ville, prés de 4 euros sont investis dans ces activités.
Sur le plan qualitatif, nous avons consolidé des filières autour des métiers de l’environnement, comme la récupération des huiles de friture avec Gecco, ou autour du réemploi de matériel informatique, avec l’association ANIS et le réseau ordi 2.0.
Nous avons encore renforcé l’ancrage territorial :
- avec des forums de l’emploi à Moulins et Lille Sud ;
- avec la Régie de quartier de Fives impliquant les habitants du quartier ;
- avec des liens sociaux ou familiaux créés ou renforcés, comme en témoigne le Café des enfants.
Enfin, nous avons articulé les logiques de production et de consommation, et de ce fait privilégié les circuits courts. Notre soutien est allé à des associations pour le maintien de l’agriculture paysanne à Lomme comme à Lille. Cela favorise les liens entre producteurs et consommateurs.
L’association Colline est accompagnée pour mutualiser les achats de structures de la petite enfance. Cela provoque une réflexion au sein des créches sur les modes de consommation.
Nous faisons également la promotion des biocabas solidaires en lien avec la politique Santé et les centres sociaux.
Dernier exemple : Le forum de l’insertion et la campagne équitable au quotidien ont montré qu’une alimentation saine peut être accessible à tous.
Les résultats de ce second plan ont été rendus possibles :
- par une meilleure lisibilité des actions conjointes des deux réseaux (l’APES et la CRESS)
- par l’action transversale des élus et services de la ville,
- et par la gouvernance participative que nous avons impulsée.
Le troisième et nouveau plan 2011-2015 que je vous propose de voter ce soir est complémentaire au plan communautaire. Ses objectifs stratégiques sont clairs :
- Favoriser la création ou la pérennisation de 1000 emplois de qualité
- Renforcer l’attractivité économique des quartiers avec une véritable dimension sociale et solidaire
- Développer de nouvelles filiéres et favoriser leur présence dans tous les échanges économiques de la ville
Ces objectifs stratégiques se déclinent en 3 objectifs opérationnels.
Premier Objectif : Soutenir l’expérimentation et l’innovation socio-économique.
Concrètement, c’est d’abord la réalisation de la maison de l’économie sociale et solidaire. Ce centre d’innovation socio économique rassemblera en son sein toutes les structures de « l’entreprendre autrement » (structures de la finance solidaire en passant par les réseaux d’accompagnement APES, Union régionale des SCOOP, les coopératives d’activités et d’emplois) y compris l’institut de recherche Godin. Nous voulons favoriser dans la proximité de la Porte de Valenciennes des implantations d’entreprises de l’économie sociale pour créer là un réel pôle d’attractivité.
Ce seront également de nouveaux services de proximité : des régies de quartier comme à Lille Sud, une crèche coopérative, une zone artisanale intégrant l’économie sociale et solidaire seront autant de projets réalisés avant la fin du plan.
Des démarches d’entrepreneuriat collectif seront développées. Une ruche d’entreprises sociales verra le jour à St Maurice Pellevoisin et LMH sera accompagné pour créer une société coopérative de gestion des encombrants.
Toujours sur ce volet innovant, la transmission des valeurs de l’économie sociale et solidaire se poursuivra notamment en direction des organisations syndicales, des comités d’entreprises et de la collectivité, dans le but de promouvoir la consommation responsable de biens et services solidaires. (dans le champ par ex du tourisme social, du commerce équitable, de la finance solidaire…)
Deuxième objectif : Consolider des projets économiques solidaires de proximité.
La formation, la professionnalisation, l’essaimage de projets comme l’extension de Lilas Autopartage sur le territoire métropolitain seront autant de moyens de développer et pérenniser les activités et les emplois du secteur.
Au delà , nous souhaitons apporter un soutien particulier aux associations employeuses, pour maintenir dans certaines filiéres la plus-value portée par les valeurs de l’économie sociale. Je pense au secteur des services aux personnes, ou à celui de la médiation familiale.
Enfin le troisième objectif opérationnel est de poursuivre l’intégration de l’économie sociale et solidaire dans les politiques municipales.
Cela nécessite d’améliorer l’accès à la commande publique, par la sensibilisation des agents de la collectivité et celle des usagers. Il s’agit aussi de prendre en compte la thématique dans les politiques municipales, comme cela a été le cas avec la coopération décentralisée qui promeut le tourisme local solidaire à Oujda. Cela s’expérimente aussi dans la mutualisation des lieux et services pour les créations artistiques dans le cadre de l’agenda 21 de la culture.
Ce nouveau plan s’appuiera sur une animation trés largement participative pour optimiser la mobilisation des acteurs du territoire en lien avec les instances communautaires. Nous favoriserons une animation de proximité en renforçant la collaboration avec les chefs de projet de la politique de la ville, les mairies de quartier et les communes associées. Nous animerons le forum des Acteurs pour une économie plus solidaire mis en place à l’échelle de Lille Métropole.
Le comité de pilotage du plan mobilisera aux côtés des partenaires financeurs (Région, Département, Lille Métropole) ; de l’APES et la CRESS ; des élus de la ville de Ville avec qui des actions sont portées. Je veux citer ici Bernard Charles, Hugo Vandamne, Walid Hanna, Catherine Cullen, Marie-Pierre Bresson, Lise Daleux, Evelyne Ledez.
En cette période de crises financière, économique, sociale, écologique, et démocratique, nous montrons ici, dans notre ville, que l’économie sociale et solidaire est forte d’expérimentations significatives et nombreuses. Nous montrons qu’il est possible de faire autrement :
- de manière viable sur le plan économique,
- en respectant l’humain : producteur, consommateur, citoyen
- en respectant l’environnement et la dynamique des territoires « ici et là -bas ».
Face à une concurrence sans limites et exacerbée entre individus, entre entreprises, entre territoires et Etats, la coopération territoriale s’affirme comme un mode de réappropriation de l’économie réelle, comme un mode de régulation pertinent. Elle doit être au coeur de notre politique publique.
D’ailleurs nous nous impliquons aux côtés des acteurs dans l’organisation des Etats Généraux de l’économie sociale et solidaire qui se dérouleront pour un temps régional le 8 juin à Lille puis les 17, 18 et 19 juin au Palais Brognart à Paris. Je vous invite bien entendu à participer à cette mobilisation nationale de grande ampleur.
Je tiens à remercier l’ensemble des services qui œuvrent dans la ville au développement de l’économie sociale et solidaire et particulièrement Malika Bohem Monnier. Je tiens également à remercier le Conseil Communal de Concertation qui souligne la pertinence et l’intérêt du plan, tout en pointant comme facteur de réussite l’importance de l’engagement personnel et collectif des élus dans le cadre de leurs responsabilités.
Pour conclure je voudrai citer Edgard Morin qui dit que : « Tout est à réformer et à transformer mais tout a commencé sans qu’on le sache encore. Des myriades d’initiatives fleurissent un peu partout sur la planéte. Certes elles sont souvent ignorées mais chacune, sur sa voie, apporte reliance et conscience ».
Je vous remercie de votre attention.