Madame le Maire, mes chers collègues,
Quelques mots pour vous parler de la quinzaine du commerce équitable qui se déroule en ce moment. C’est l’occasion pour l’ensemble des entrepreneurs et des réseaux de cette filière, d’informer, de sensibiliser les citoyens à une consommation respectueuse des producteurs du Sud comme du Nord, de rappeler les enjeux du commerce équitable ( qui à mon sens devraient être ceux de tous les modes d’échange économique..):
- juste rémunération,
- équilibre économique,
- respect des règles éthiques, du droit international du travail, et des droits de l’homme….
La crise actuelle dans les pays occidentaux révèle à tous les limites de l’idéologie dominante. Depuis des dizaines d’années, les peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine savent à quel point le tout-marché, la concurrence sans limite, la recherche du plus grand profit à court terme ou pour quelques uns, ou les seules lunettes du PIB sont inaptes et ineptes à répondre aux besoins de milliards d’habitants et de leur environnement.
La démocratisation de l’économie portée par le commerce équitable et plus largement par l’économie sociale et solidaire implique de donner les moyens aux consommateurs – à tous les consommateurs et pas seulement à une minorité aisée ou militante – de devenir consom’acteurs, citoyens économiques actifs, exerçant véritablement, en toute liberté, leur pouvoir sur l’économie. Elle reconnaît de la même manière la dignité des producteurs, de tous les producteurs, dans tous les secteurs et dans tous les points de la planète.
Cette réappropriation citoyenne des actes quotidiens de la vie économique est au cœur du projet et des pratiques du commerce équitable. Elle conduit à promouvoir la consommation responsable comme levier économique et politique pour influencer les modes de production des entreprises, inventer d’autres circuits de distribution et, plus largement, viser à un autre rapport à la consommation pour l’ensemble des citoyens, un rapport à la fois plus sobre, plus créatif et plus solidaire.
Au-delà des mécanismes incitatifs à la consommation responsable, (que devraient prendre en compte les plans de relance), influer sur les comportements suppose aussi d’éduquer le citoyen-consommateur, pour qu’il ait à la fois le désir et la capacité d’y adhérer. Les campagnes de sensibilisation publiques et citoyennes auprès du grand public ou l’ensemble du système éducatif en sont un des leviers.
C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, l’intérêt pour le commerce équitable n’est plus anecdotique. En 2000, c’était 9% seulement des citoyens qui en avaient entendu parler, aujourd’hui c’est 80%.
Différentes études montrent que le commerce équitable ne souffre pas de la crise. Dans certains pays européens, en 2008, l’augmentation des ventes de produits certifiés a été phénoménale: jusque 75% de hausse en Suède par exemple, 10% aux états-Unis, et sur l’alimentaire, en France, 8%… Ces données confirment que la crise du pouvoir d’achat influence nos choix de consommation : on consomme moins et de façon plus responsable.
Si le commerce équitable s’est d’abord intéressé aux échanges Sud-Nord, aujourd’hui il concerne aussi des pratiques au Nord et notamment le développement des circuits courts avec par exemple les AMAP ou les Jardins de cocagne, ou le tourisme solidaire avec l’accueil paysan… L’engagement des collectivités à soutenir son développement est essentiel: en permettant de peser sur les filières et marchés au travers des appels d’offres, en accompagnant les acteurs, en donnant l’exemple. C’est ce que nous essayons de faire ici…
La vitalité du commerce équitable à Lille, c’est aussi la densité exceptionnelle de ses acteurs. Avec les précurseurs comme Artisans du Monde, de nouveaux acteurs apparus plus récemment, et sont réunis au sein du Collectif « Comm’ une idée » particulièrement actif pendant cette Quinzaine.
Depuis une dizaine de jours, différentes manifestations ont été réussies; elles ont pris la forme de dégustations porté par Max Havelaar, les cafés Méo et le CCFD, en passant par la mobilisation de groupes d’étudiants (IEP, Sup Infocom) ou les auberges espagnoles organisées par des groupes d’habitants ou le marché de la place du vieux marché aux chevaux ce samedi… Mais c’est aussi au cœur des quartiers, la mobilisation des centres sociaux (et j’en remercie Marc Bodiot) pour proposer des activités et ateliers autour de la confection de savons ou de repas…
Je tiens également à souligner,tout en remerciant par l’intermédiaire de Jacques Mutez, l’implication des commerçants qui jouent le jeu en apposant le logo « j’aime le commerce équitable». Enfin le personnel du restaurant municipal s’est mobilisé pour offrir des repas avec des produits du commerce équitable: qu’il en soit également remercié.
Des remerciements aussi particuliers à Malika Bohem Monnier pour l’excellent travail de coordination et à Floriane Gabriels et l’ensemble de son service pour leur disponibilité et leur professionnalisme.