Globalement, le motif pour supprimer une subvention est assez logique: tout simplement, elle n’a plus de raison d’être !
On considère que la structure recevant la subvention est parvenue à mener son activité en pleine autonomie et n’a donc plus besoin de soutien, ou bien on constate que la structure ne remplit plus les missions attendues pour la population et la collectivité.
Malheureusement, la décision de revenir sur l’aide allouée à Ch’ti vélo depuis 2002 reléve du second cas de figure: la structure (en dépôt de bilan) se trouve en redressement judiciaire depuis novembre 2008 et n’est plus en mesure de mener à bien ses missions.
La convention qui liait la ville et l’association Ch’ti vélo pointait 3 objectifs:
- une activité de gardiennage,
- une activité de location de bicyclettes,
- et l’entretien de la flotte de vélos de la ville (80 unités).
Or, suite à ses problémes financiers, la quasi totalité de son parc de deux-roues a été vendu début 2008, et Ch’ti vélo ne compte plus qu’un salarié, ce qui limite désormais l’amplitude horaire pour le gardiennage. En somme, les 2 principaux objectifs ne sont plus ou insuffisamment tenus. L’apport de la ville, en plus du marché sur l’entretien des cycles, se traduisait par une subvention annuelle de fonctionnement de 35000 € (qui est donc supprimée pour 2009), et la mise à disposition (maintenue) d’un espace de 70 m2 à proximité immédiate de la gare Lille Flandres (depuis 2004). L’association reçoit par ailleurs des subventions du conseil régional (qui lui loue aussi 40 vélos).
Malgré ces divers apports, l’association n’est pas parvenue à prendre au fil du temps une part prépondérante dans l’usage du vélo à Lille; au contraire: la structure est maintenant en péril. Pourquoi ?
Ce que les élus Verts peuvent déjà dire, c’est que cette situation ne s’est pas créée du jour au lendemain. Au gré des manquements observés (absence de dossiers, subventions demeurées au stade d’acompte faute de réalisation, dispersion dans les projets…) il a bien fallu remettre en question l’efficacité et la pérennité du service attendu et s’interroger sur d’éventuels (voire manifestes) défauts de gestion. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on en vient à prendre la décision de ne pas renouveler (pleinement) une convention, ce qui fragilise à la fois une structure, les emplois liés à celle-ci et une activité que les Verts défendent ardemment, alors même que la part du vélo dans les déplacements à Lille augmente. Un dégât des eaux en août 2008 dans les locaux à Lille Flandres n’avait rien arrangé, et là encore la ville a apporté un soutien en permettant une intervention de ses services techniques pour la réparation.
Mais les élus, comme les services de la collectivité, doivent être garants du bon usage de l’argent public. Or, l’erreur serait bien de maintenir sous perfusion une association, sous prétexte qu’elle a – ici – un rôle à jouer dans la mobilité et l’intermodalité: si elle ne parvient décidément pas à remplir ce rôle, la question de son soutien doit être posée. Autrement, on renonce à nos objectifs (la transformation écologique de la ville), on cède à l’amateurisme. D’une certaine, façon, ce sera un point d’accord avec Arnaud Delcourt, ancien directeur de Ch’ti vélo et actuel trésorier de l’association, qui a déclaré à la presse « Psychologiquement, la fin de la subvention nous a libérés ».
Eric Quiquet et Marc Santré lui ont suggéré lors d’une rencontre organisée en janvier 2009 une réorientation vers l’entretien et la réparation. De plus, l’association semble vouloir se concentrer sur d’autres prestations: prêt de vélos longue durée aux étudiants et création d’une vélo-station régionale mobile, consistant en un bus aménagé (bus acquis avec un soutien financier du conseil régional).
On peut regretter que la structure lancée en 1999 ne se soit pas mieux préparée à l’avenir, et surtout qu’il n’ait pas su profiter d’un emplacement exceptionnel et d’un créneau porteur. Curieusement la structure a décliné alors que les aménagements, manifestations et pratiques du vélo ont sensiblement augmenté à Lille. A l’issue de la période d’observation, le tribunal de grande instance orientera sa décision vers un plan de continuation, ou au contraire une liquidation (la décision est attendue en juin 2009). Les élus Verts serons très attentifs à cette décision.
Ce que la presse en a dit: