Vinciane Faber, nouvelle élue Verte, a hérité d’une délégation sur mesure pour une militante écologiste, cycliste avertie comme elle, à savoir: le Plan Vélo et le Code de la rue – délégation à laquelle est associée la consommation durable.
Elle travaille donc de concert avec Marc Santré, autre élu Vert qui a la charge, comme dans le mandat précédent, des déplacements, désormais assortis des questions de stationnement. Double réjouissance donc: les questions de stationnement sont enfin associées aux déplacements (ce qui n’était pas le cas durant le mandat précédent et nuisait à une articulation optimum); et parallèlement, la nécessité de continuer à développer l’usage du vélo est clairement énoncée.
Le vélo représente 2,3 % des déplacements à Lille (0,9 % à Roubaix et Tourcoing), soit une augmentation de 39% en 10 ans. Autant dire que l’on partait de très bas et qu’il reste bien des actions à mener pour favoriser l’usage du vélo, tant en ce qui concerne les trajets professionnels, domicile-école que les déplacements « plaisir & loisirs » (sachant dans le même temps que l’on marche beaucoup à Lille).
Les objectifs du mandat consisteront essentiellement à :
Améliorer l’accessibilité grâce à des aménagements
- en sécurisant les déplacements des cyclistes et en favorisant une logique de continuité dans l’aménagement des zones cyclables. Pour chaque aménagement, un travail est mené de pair avec Marc Santré, l’ADAV, la communauté urbaine et les conseils de quartier. Par exemple, le conseil de quartier de Lille Centre a discuté et donné un avis favorable pour un double-sens cyclable rue des Pyramides.
- en vérifiant la bonne intégration du vélo dans les projets d’urbanisme de la Ville (aménagements cyclables intégrés aux projets de renouvellement urbain), et notamment en participant à la rédaction des cahiers des charges de la mairie et à l’analyse des permis de construire (locaux à vélo, aires de stationnement).
Améliorer les capacités de stationnement
Il est prévu d’installer 400 arceaux par an. Ils sont installés à proximité des équipements publics et municipaux et aussi en collaboration de l’ADAV, très active association pour le droit au vélo, et interlocuteur indispensable.
Il faut dans le même temps développer les capacités de stationnement longue durée dans des sites couverts et surveillés: des locaux Numéricable désaffectés seront aménagés en 2009. Ce type de stationnement est une solution alternative pour les résidents d’habitat collectif qui ne peuvent disposer d’espace adéquat. Les syndics de copropriété seront aussi sensibilisés à la démarche. Pour les constructions neuves, il convient d’être vigilant sur les permis de construire (et vérifier notamment la cohérence de la localisation des garages à vélos.)
Les sites propices à l’inter-modalité doivent également être traités, comme à la gare Lille Flandres.
Développer les vélobus
Certaines écoles souhaitent développer les trajets domicile-école (aujourd’hui, le VéloBus est proposé pour l’Ecole Pasteur): l’ADAV, qui a une expérience dans la sensibilisation auprès des établissements scolaires est donc soutenue par la ville pour permettre la mise en œuvre de dispositifs de vélobus et pédibus (10000 € de subvention à cet effet depuis 2008). Il sera donc nécessaire de prévoir des aménagements à proximité ou dans les écoles pour le stationnement des vélos.
Mettre en œuvre des points SOS vélos
Des points SOS Vélo mettent à disposition des usagers un kit de réparation de crevaison ainsi qu’une pompe dans les lieux stratégiques de la Ville : Mairie et Mairies de quartier, commerces et associations. Ces points sont localisés sur le Plan Vélo (parution janvier 2009). Par ailleurs, la ville soutient l’ADAV pour la création d’un atelier de réparation pérenne.
Développer l’usage du vélo chez les agents municipaux
La flotte se composait de 80 vélos et vient de se voir attribué 50 cycles supplémentaires. Cette flotte à destination du personnel permet notamment des déplacements ponctuels des agents: il leur suffit d’en faire la demande et peuvent accéder très rapidement à un vélo numéroté (garé en face de la mairie).
Informer et sensibiliser
Le Plan Vélo sera mis en œuvre et réactualisé chaque année, il fournit aux cyclistes des informations sur les aménagements cyclables, indique aussi les rues à double sens et à sens unique, et divers services susceptibles d’intéresser les cyclistes.
La sensibilisation à la pratique du vélo doit absolument accompagner la mise en œuvre des équipements et dispositifs: il ne suffit pas de produire de nouveaux aménagements, encore faut-il faire savoir qu’ils existent et inciter les habitants à les utiliser. Cela concerne les enfants dés l’école primaire, ainsi que leurs parents, mais aussi les promoteurs et constructeurs, les syndics de copropriété, les employeurs… afin de favoriser l’usage du vélo et la création de lieux sécurisés pour le stationnement.
La sensibilisation doit passer par des moyens de communication efficaces et diversifiés. En 2009, l’accent sera porté sur le vol de vélo (notamment via des autocollants de conseils collés sur les arceaux).
Une exposition photographique dédiée à l’usage du vélo à Lille sera visible du 17 avril au 1er mai et fera écho au congrès national à Lille Fubicy qui se tiendra du 24 au 26 avril 2009, et dont la ville soutiendra l’organisation (à hauteur de 7000 €). Nul doute que cet événement sera aussi un moment fort de sensibilisation et de promotion du vélo dans notre ville.
Développer le vélo en libre service dans le cadre de la mission vélo LMCU
L’objectif est d’atteindre 5000 vélos en libre accés d’ici 2011, dont 2000 à Lille. Le prochain renouvellement du contrat de délégation de service public des transports intégrera un lot dédié au vélo en libre service dans son appel d’offre, non adossé au marché de la publicité (au contraire de Lyon ou Paris).
Par ailleurs, LMCU s’est engagée pour 1 millions d’euros en 2009 dans la réalisation de 100 km d’aménagements cyclables dont la finalité est très précise et importante: il s’agit de consolider un réseau structurant au niveau de la métropole en réduisant ou supprimant les coupures, et en développant les aménagements sécurisés sur les grands axes. Cette opération sera financé pour les 2/3 par le Conseil général du Nord puisque ce réseau concernera des routes départementales (favorisant ainsi les déplacements cyclables d’une ville à une autre). Cet investissement conséquent ne doit évidemment pas se faire au détriment d’opérations plus localisées pour le vélo. Il est important de garder cela à l’esprit dans un contexte de crise, où un projet comme le Grand Stade accapare de plus bien des crédits.
Une nouvelle carte des itinéraires cyclables de toute la métropole était par ailleurs publiée en septembre 2008.
Toute cette démarche repose sur une bonne entente et une coordination des différents acteurs: les services des collectivités, les élus (pas forcément acquis aux vertus de la petite reine), les associations, les acteurs privés… tout en étant très attentifs aux nouvelles (et très récentes) dispositions réglementaires qui favorisent l’usage du vélo (zones de rencontre, zones 30…) et qui témoignent d’un environnement favorable à l’essor du vélo.
Ce n’est certainement pas un hasard si des acteurs bien identifiés se sont multipliés au cours des dernières années: Adav (dont la subvention annuelle est désormais portée à 36000 €), Stations Oxygéne, Vélopoles, vélocistes privés, et dans une moindre mesure malheureusement, Ch’ti vélo.
Un regard vers nos voisins belges montre tout le chemin que Vinciane Faber est bien décidée à parcourir, en pédalant bien sûr !
L’ACCROISSEMENT DE L’USAGE DU VELO DOIT ETRE PENSE DANS LE CADRE D’UNE MEILLEURE COEXISTENCE DES USAGERS: LE CODE DE LA RUE
Le Code de la rue traduit cette volonté d’assurer un partage cohérent de l’espace public entre les usagers. En Belgique, le code de la rue a une portée réglementaire et place au centre de la réglementation la rue, le contexte urbain, ainsi que les usagers fragiles…
La France, en revanche, n’est pas particulièrement en avance sur la question, même si un décret allant dans ce sens est paru le 1er août 2008 (pour une mise en conformité en juillet 2010 au plus tard). Les principaux axes de progrès définis par le texte sont:
- le devoir de prudence des conducteurs vis-à-vis des usagers vulnérables,
- la zone de rencontre où la vitesse est limitée à 20 km/h et où les piétons sont autorisés à « circuler » sur la chaussée,
- la redéfinition des 3 aménagements – aire piétonne, zone de rencontre et Zone 30,
- l’obligation des doubles sens cyclables dans les zones 30.
Vinciane Faber entend persévérer en ce sens, en menant une réflexion sur le code de la rue à Lille, qui irait au delà d’un livret de bonne conduite, rappelant les droits et devoirs de chaque usager de la rue.