Fives – Industries, solidarités, logements, écologie, Histoire : la dernière DécouVerte EELV de 2018 🗓 🗺
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Tous les deux mois le groupe EELV de Lille propose une DécouVerte, visite guidée avec un regard écolo d’un quartier de la ville.

Vous trouverez-ci dessous le compte rendu complet de la dernière DécouVerte 2018 à Fives :

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Plus de cinquante personnes ont fait le choix aujourd’hui de fuir la fièvre acheteuse qui frappe le centre ville juste avant Noël pour répondre à l’invitation du groupe EELV de Lille, pour aller à la DécouVerte de Fives, guidée par Dominique Plancke, et se rassemblent sur la Place Madeleine Caulier à la sortie du métro. Notre attroupement n’est manifestement pas tout à fait du goût de quelques « teneurs de murs » qui viennent s’enquérir du motif de notre présence.

 

Petit rappel sur l’histoire de Fives :

Il semble que la première mention de Fives date de 874 quand le comte d’Artois y préside une réunion. Fives est alors un « pagus » (pays), c’est-à-dire un petit village. En 1066 Fives fait partie de la châtellenie de Lille, et forme une paroisse avec Faches. Vers 1130, la présence de moines bénédictins est attestée à Fives dans un Prieuré, établissement de moindre importance qu’une abbaye, qui sera rasé en 1793 lors de la Révolution. Au début du 13ème siècle Fives est devenue une paroisse autonome. Au cours des siècles Fives souffrira de sa proximité avec Lille lors des sièges et des conflits, et sera rasée de nombreuses fois avant d’être à chaque fois reconstruit (1213, 1297, 1451, 1485, 1491, 1498, 1667). Au 16ème siècle, Philippe II, roi d’Espagne, autorise la construction d’un canal au départ de Lille vers Fives pour évacuer les eaux polluées vers la Marque.

Après avoir souffert des  conflits religieux au 16 ème siècle au milieu du 17ème siècle, Fives et sa   chapelle Notre Dame de Fives deviennent un lieu important de pèlerinage. L’eau « vive et limpide » de la Chaude Rivière est réputée guérir de la fièvre.

Le 28 juillet 1667 Louis XIV s’empare de Lille lors de la guerre de dévolution. La reddition de la ville se fait à Fives dans un bâtiment devenu « la ferme Louis XIV » rue de Lannoy, à l’angle de la rue des Montagnards, malheureusement démolie sans procès en 1920.

 

L’industrie a marqué le quartier pendant un siècle avant de disparaître

Entre 1815 et 1845, trois filatures de coton s’installent à Fives, ce qui marque le véritable démarrage de l’industrie à Fives, qui profite surtout au milieu du 19ème siècle de l’arrivée du train. En 1861 c’est la création de la compagnie de Fives-Lille, entreprise de métallurgie de transformation, qui va construire notamment des locomotives, des ponts ferroviaires et routiers, des gares de chemins de fer dont celle d’Orsay à Paris, etc…  En 1898, c’est Peugeoot qui arrive, au nord du quartier.

 

Fives est lourdement frappée par les bombardements alliés en 42, puis les 10 mai et 22 juin 44, bombardements qui en visant les infrastructures ferroviaires et industrielles feront plus de 1000 victimes civiles au printemps 44 à Lille et Lomme.

 

L’usine de Fives compte 4500 ouvriers en 1945. Mais dans les années 60, on assiste à la concentration de l’entreprise, avec des absorptions et des fusions, et à son recentrage sur les ponts roulants, sur les usines clés en main. Les marchés à l’exportation représentent de 40 à 70% selon les années. Les premiers plans de licenciement se mettent en place dès 1958.

Le quartier connaît dans les années 80 une désindustrialisation rapide, avec la fermeture des deux grandes usines Fives Cail et Peugeot, et des industries textiles, ce qui entraîne l’apparition de nombreuses friches et le départ d’une main d’oeuvre qualifiée. Les travaux du métro rue Pierre Legrand et l’ouverture du centre commercial V2 porteront aussi un coup dur au commerce local.

 

Mais qui est donc Madeleine Caulier ?

Madeleine Caulier est une héroïne du siège de Lille de 1708. Servante à l’auberge du Tournebride  à Avelin, elle se porte volontaire pour aller porter un message au Maréchal Boufflers, alors assiégé à Lille par les Anglais et les Autrichiens. Elle réussit finalement sa mission en traversant les lignes ennemies, ce qui n’empêchera pas Lille de tomber. Elle s’engagera ensuite dans l’armée, dans le corps des Dragons, et sera tuée au combat en 1712 lors de la bataille de Denain. Son nom est donné à la Place en 1881, puis à la station de métro, c’est d’ailleurs la seule station du métro lillois à porter un nom de femme.

 

Sur l’ancien cimetière de Fives, un marché de plein air qui aurait besoin d’un nouveau souffle

La Place Madeleine Caulier est située à l’emplacement de l’ancien cimetière de Fives (d’où le nom de rue du Repos que porte la rue au fond de la place), ce qui explique la découverte d’ossements lors du creusement d’un nouvel escalier d’accès au métro en février 2014. C’était déjà arrivé au début des années 80 lors de la construction de la station de métro. Après le rattachement par décret impérial de Fives à Lille en octobre 1858 le cimetière est fermé. Un marché de plein air se tient sur cette place depuis 1873. Depuis quelques mois ce marché a vu partir plusieurs commerçants et il a tendance à s’étioler, concurrencé le dimanche matin par ceux de Wazemmes, du Vieux-Lille et de Mons en Baroeul.

Un chantier de rénovation de la Place Caulier, régulièrement évoqué depuis plus de 10 ans, est  prévu pour 2019 avec la volonté d’y limiter le stationnement.

De la dalle au Square

Nous passons sous la voie ferrée pour aller sur la dalle de Fives (construite sur la Voie rapide urbaine) avec la salle de sports Louison Bobet et l’immeuble de bureaux qui lui fait face. Cet espace entre la Maison Blanche (résidence étudiante haut de gamme), l’école et la caserne de pompiers va faire l’objet en 2019 d’un réaménagement concerté avec les habitants et les parents des écoles Descartes-Montesquieu. Un budget de 140.000 € est prévu pour cette opération.

Par le Square Lardemer (qui porte le nom d’un généreux lillois qui a légué 240.000 francs à la Ville en 1884), dont les 27 essences d’arbres et le bassin sont très représentatifs des parcs de la deuxième moitié du 19ème siècle, nous rejoignons la rue de la Phalecque.

 

Une école trop belle pour les enfants de la classe ouvrière !

A l’angle de la rue de Rivoli et de la rue Cabanis, nous nous arrêtons pour admirer les façades du groupe scolaire Bara-Cabanis et de l’IEM Jules Ferry. Pendant un temps l’école a porté le nom de groupe scolaire Paulin Parent, un lillois qui avait fait un don à la Ville pour la construction de cette école. Dans ses célèbres (et très conservatrices) « Promenades lilloises » publiées en 1888, François Chon, ancien professeur d’histoire, membre de la Société des Sciences de Lille et chevalier de la légion d’honneur, déplorait que la ville ait construit un aussi beau bâtiment pour une école publique : « Ouverte aux nombreux enfants de la classe la moins favorisée de la commune, il n’est pas véritablement indispensable qu’une école paraisse si riche (…) A quoi bon ces pilastres, ces balustres, ces sculptures, ces moulures, ces ornements symboliques en couleur sur fond d’or ce fronton magnifique dominé par le toit d’un pavillon princier … »

L’école Bara Cabanis est labellisée éco-école depuis 2008 et est dotée d’un blog qui donne plein d’infos sur ce qui se passe dans l’école, mais aussi  dans le quartier http://www.baramalice.com/

 

La rue Cabanis doit être prochainement mise en sens unique avec un double sens cyclable.

 

L’usine Desombre, le « Lip lillois »

Face à l’école un ancien bâtiment industriel abrite aujourd’hui les locaux du Secours Populaire. Ce fut entre 1975 et 1977  le lieu d’une lutte ouvrière qui a marqué le quartier, celle de la chemiserie Desombre  http://cfdthistoire-5962.fr/?p=3547

Confection de chemises, pyjamas, robes de chambre et de rideaux, l’usine Desombre de Fives travaille aussi pour de grandes marques comme Ted Lapidus. 200 salariés y sont employés, essentiellement des femmes, qui feront aussi de leur lutte un combat féministe. En août 1975, c’est l’annonce-du dépôt de bilan. Le  personnel se mobilise immédiatement et des actions sont entreprises auprès de la Direction du Travail  pour empêcher la fermeture. Manifs, occupation de la première chaîne de télévision en septembre et en octobre les ouvrières occupent l’usine et empêchent le départ de marchandises destinées à la livraison. Chemises, chemisiers et pyjama sont revendus, dans le quartier, au profit des travailleuses.  Le conflit bascule avec l’intervention des forces de l’ordre le 20 octobre pour récupérer la marchandise (20 000 chemises) et faire évacuer l’usine. Nouvelle occupation dès le lendemain, distributions de tracts, manifs, assemblées générales, envoi de délégations un peu partout : les ouvrières poursuivent l’occupation de l’usine tout en maintenant l’outil de travail en état de marche. Le 3 novembre, le maire de Lille, organise une table-ronde pour tenter de résoudre le conflit…En vain : les responsables économiques n’y participent pas. Le personnel occupera les locaux de FR3 pour obtenir un reportage sur leur conflit et réveillonnera dans l’usine le 1er janvier 1976.

Après 17 mois d’occupation, une solution se profile, en mars 1977, grâce en partie à la municipalité. La société Godde-Bedin, une usine de confection de voilage, rachète le terrain Desombre et cède le sien à la ville de Lille. Cette société reprend 23 des 30 ouvrières qui occupaient les ateliers. Les 7 autres sont reclassées dans d’autres établissements. Celles qu’on appelle « les LIP du Nord » ont gagné. Mais Godde-Bedin fermera à son tour 4 ans plus tard…

Le Square des Mères :

Au début des années 1920 , la municipalité de Lille fait l’acquisition de cette propriété appartenant à la famille Barrois dans le quartier de Fives. Elle comprend un petit château et un parc, devenu le Square des Mères, sur lequel, le conseil municipal en avril 1925 décide de construire une « salle de fête et salle d’éducation physiques ». Le projet est confié à l’architecte municipal Marcel Cools. La première pierre est posée le 14 juillet 1926 et la salle des fêtes est inaugurée lev14 juillet 1928 par Roger Salengro, alors maire de Lille. Après avoir accueilli pendant sept décennies, des bals, des réunions politiques, des manifestations culturelles et sportives, la salle est désaffectée en 1997 pour des raisons de sécurité. Inscrite comme monument historique en 2000, elle est totalement réhabilitée en 2002-2003 par la Ville de Lille. Le « château » accueille de son côté une crèche multi accueil : la Capucine. En 2005, le Centre social Mosaïque installé depuis 1946 rue du Long-Pot, près de l’Usine de Fives s’installe dans un nouveau bâtiment construit dans le parc, côté rue Cabanis. L’espace Seniors de Fives y avait aussi trouvé place, avant de déménager en décembre 2018 rue de Flers.

 

Rue Edouard Vaillant et rue Daumier, les habitants des rangées des maisons (HBM de l’entre-deux guerres) ont beaucoup investi cette année dans les décorations de Noël, avec plus ou moins de discrétion et de réussite.

La rue St Just

a été réaménagée cette année en zone 30 avec de beaux trottoirs, un sens unique pour les voitures et un double sens cyclable : un bel aménagement. Une nouvelle entrée a été percée dans le mur pour faciliter l’accès des enfants de l’école Bara-Cabanis, et éviter ainsi une cohabitation dangereuse avec les véhicules qui viennent chercher les élèves handicapés de l’IEM Jules Ferry. De grands parkings vélos ont été installés à l’intérieur de part et d’autre du portail pour accueillir les nombreux vélos des enfants. L’école Bara Cabanis possède 2 lignes de vélobus et accueille chaque jour en moyenne une quarantaine de petits cyclistes, ce qui en fait l’école la plus active sur ce point dans la métropole.

 

Mais à qui sont ces arbres ?

Dans la deuxième partie de la rue St Just vers la rue Gutenberg, le long du trottoir, une vilaine clôture en plaques de béton part en morceaux sous la pression des arbres qui poussent juste derrière. Sylvie B., qui habite depuis 12 ans l’une des 12 maisons de la rue de Rivoli dont le jardin donne là vient nous expliquer que les arbres ont poussé, sans doute de façon spontanée, entre la limite qui  marque le fond de ces jardins et cette vilaine clôture posée sur le domaine public. Après une première intervention inopinée de bûcherons mandatés par la MEL stoppée par les riverains, cela fait des mois que ces habitants, qui souhaitent que les arbres soient préservés, mais entretenus, tentent d’obtenir une réponse de la ville et ou de la MEL pour trouver une solution à cet imbroglio.

 

Rue Gutenberg : une piste de vitesse, jusque quand ?…

La rue Gutenberg présente aujourd’hui une surlargeur démesurée, qui est la trace d’un projet des années 70-80, heureusement abandonné de « voie des centres » à deux fois deux voies entre la Gare de Lille et Mons en Baroeul. Mais la longue ligne droite et l’absence d’aménagement et même de marquage au sol en fait un axe où les voitures roulent beaucoup trop vite avec des pointes de vitesse relevées à 110 km/h la nuit. On parle d’un aménagement provisoire en 2019. Le fait que la rue change 4 fois de commune (Lille, Mons, Lille et encore Mons) sur quelques dizaines de mètres ne facilite pas les choses.

 

Les gros tuyaux gris qui sortent de la pelouse témoignent de la présence du réservoir souterrain de 20.000 mètres cubes qui a été construit par la MEL pour stocker les eaux de pluie et éviter les inondations à répétition à Fives et sur la Voie Rapide.

 

Il y a aussi là sur cet espace herbeux un projet de jardin porte par le Centre social Mosaïque de Fives, qui a obtenu pour cela un financement de la  Fondation de France.

 

Peugeot-Lille

Les bâtiments en brique de l’autre côté de la rue Gutenberg et rue de Rivoli sont ceux de l’ancienne usine Peugeot. Créée par Armand Peugeot en 1898, c’est la première usine installée hors du bastion originel de la famille à Montbéliard. Elle a d’abord construit des  voitures en bois. Son développement doit beaucoup à un dénommé Ernest Mattern, qui dès 1906, alors contremaître de l’atelier des châssis, évalue le coût de tout ce qu’il entreprend et anticipe, à l’aube du taylorisme, les possibles évolutions de la production, du petit atelier à la fabrication en série. Plus tard, il recommande d’acquérir de larges espaces et de les aménager de manière à pouvoir les réorganiser en fonction des besoins et de la demande.

En 1928, l’usine, rebaptisée Compagnie lilloise de moteurs (CLM), entame pour la première fois en France la construction d’un moteur Diesel. Elle produit tout au long du XXème siècle de nombreux véhicules, mais aussi du matériel agricole, et industriel. En 1958, elle  se spécialise dans la production de moteurs Diesel pour véhicules rapides et produira en 1976 700 moteurs par jour et son millionième moteur. L’usine emploie alors près de 3000 ouvriers. Mais en 1998, l’usine ferme définitivement ses portes. Les derniers salariés vont travailler à la Française de mécanique à Douvrin. Après une période de friche, les 10 hectares de l’usine, situés à cheval sur Lille et Mons, sont aujourd’hui occupés notamment par les assurances La Mondiale et par le Secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP).

 

Rue de Flers, une concentration de solidarité

Rue de Flers, l’espace Seniors municipal de Fives a été inauguré il y a quelques jours dans des locaux restés longtemps inoccupés au rez de chaussée d’une résidence. Pendant l’hiver il accueille les restaus du cœur jusqu’ici hébergés salle Alain Colas. En face, au 57, l’APU défend les locataires de Fives-St Maurice et Hellemmes, dans des locaux où étaient situées les Editions de la Contre-Allée. Et au 55 la garage ATS n’est pas un garage ordinaire, mais un garage solidaire et participatif https://www.toutvert.fr/atelier-solidaire-auto/ .

 

Les courées de Fives 

 

Christiane Bouchart, élue EELV de Lille et de la MEL (ci-dessous en photo), et fivoise de longue date nous rappelle l’importance des courées à Fives. En 1970 l’Orsucomn (Organisation pour la suppression des courées de la Métropole Nord) avait réalisé un inventaire des courées à Lille dans la perspective de  leur suppression pour cause d’insalubrité. Il en recense 618 avec au total 5264 logements qui abritent environ 11000 personnes. Fives compte alors 122 courées pour 1169 logements.

Si au début du 20è siècle Fives comptait 350 cafés, c’était aussi parce que c’était des lieux où on pouvait se réchauffer et qui permettaient aux ouvriers de sortir des logements la plupart du temps exigus et insalubres.

En 1987 un nouvel inventaire (auquel a participé Christian Bouchart) est réalisé à Fives : il relève que 103 courées existent toujours (961 logements dont seuls 41 sont jugés en bon état, 7 n’ont même pas l’eau courante) : la résorption de l’habitat insalubre ne se fait pas «naturellement ». A partir des années 80, les pouvoirs publics sont passés avec l’opération OPAH courées d’une politique d’éradication des courées à une politique de restauration d’un certain nombre d’entre elles avec mise aux normes de confort et d’hygiène.

 

 

Des logements à la place de la friche Organum

 

A gauche dans la rue de Rivoli, nous nous engageons dans la rue Louise Bourgeois, construite en 2010. La résidence porte le nom d’Organum, un  collectif théâtral qui s’était installé quelques années dans la friche industrielle d’une ancienne fabrique de paillassons. Très calme, plutôt agréable à vivre selon l’une de ses habitantes qui participe à notre visite, la rue comporte 23 appartements sociaux, 11 maisons individuelles en accession et 20 maisons de ville.  Mais elle n’a pas été épargnée par les malfaçons https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/2014/06/05/lille-fives-le-coup-de-gueule-des-habitants-de-la-residence-bas-cout-organum-492067.html .

 

La Voie Rapide Urbaine, une saignée urbaine de plus de 100 m de large à la gloire de l’automobile

 

Juste avant la rue Chappe, en empruntant le très étroit Sentier du Petit Bois, notre groupe s’engage en file indienne vers la rue du Pont du Lion d’Or et on change de monde. Le bruit de la circulation qui monte de la VRU en contrebas derrière le mur « anti-bruit » nous envahit et rend la discussion très difficile. Christiane Bouchart  nous reparle de l’histoire de la VRU, l’une des plus grosses saignées urbaines de l’histoire de Lille, qui fait aujourd’hui partie du paysage visuel et sonore de la ville.

 

Envisagé dès 1964 dans le schéma de la « métropole Nord », imaginé par le Ministère de l’Equipement, ce projet autoroutier, qui prévoit de doubler le Grand Boulevard pour relier Lille Roubaix et Tourcoing, doit éventrer Fives avec la démolition de 750 logements.

En sommeil quelques années et après la création d’un premier comité de défense à l’initiative du PCF en 1967, le projet ressort en 1971 avec les déclarations du ministre de l’Equipement de l’époque, Albin Chalandon, et la publication du Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU). En janvier 1972, le conseil municipal de Lille se prononce contre l’autoroute et tente de proposer des tracés alternatifs. Mais finalement, la CUDL se range aux côtés de l’Etat pour le tracé réalisé aujourd’hui.

 

Parallèlement aux achats successifs qui vident petit à petit le quartier malgré les squats, la DDE et l’Office d’HLM portent la création d’un programme de logements de 451 logements entre 1977 et 1984. Ce programme est élaboré sans négociation  avec les habitants, mais finalement mais grâce au rapport de forces établi par le comité de gestion des habitants de la Voie rapide la moitié des logements construits leur fut attribuée.

Ce comité de gestion est né du conflit opposant les derniers habitants qui vivent dans des maisons situées sur le tracé à la DDE qui les avait tolérés voire pour certains relogés à titre précaire en attendant le début des travaux qui ont démarré en 84 pour se terminer en 88.

Avec l’appui de la CAF les institutions se sont rencontrées et organisées pour prendre en compte les demandes des habitants, et des deux associations qui se sont mobilisées : celle des habitants de la voie rapide qui avait créé un petit journal « Laisse béton », et celle de propriétaires riverains « l’association des habitants de la place Alexandre Dumas ». Ces associations ont organisé pendant des années de l’alphabétisation, des vacances…qui ont généré du lien social. L’entreprise d’insertion Gaspard est née pour permettre à des chefs de familles d’accéder à l’emploi dans le domaine du bâtiment…

Et Christiane précise : « toutes les familles dont certaines sont toujours dans le quartier ont été relogées soit en HLM soit dans de l’habitat diffus et les îlots qui ont refermé les rues éventrées ont pris en compte en partie les souhaits de mode de vie des habitants. Comme quoi organisation collective et écoute des habitants, cela peut payer ! ».

Mais sur le plan de l’urbanisme et de la qualité de la vie, cette saignée reste une hérésir, et le bruit ce samedi après-midi est insupportable à la porte des maisons sur une partie de la « nouvelle » rue du Lion d’Or (l’ancienne ayant été rasée à l’emplacement de la VRU), malgré le mur anti-bruit.

 

Nous laissons le sentier des noisettes pour prendre à droite la rue Claude Lorrain.

 

Le quartier de Gabriel Pagnerre

Fils d’architecte, Gabriel Pagnerre (1874-1939) est l’auteur de plus de 400 villas et maisons d’habitation et de quelques bâtiments publics et de cinémas dans la métropole lilloise, en particulier à Lille, La Madeleine, Marcq en Baroeul, Wasquehal, Villeneuve d’Ascq et Mons en Baroeul où il a longtemps habité et installé son premier cabinet d’architecture. Ses réalisations sont marquées par une recherche constante de modernité qui le conduira à se rapprocher de Robert Mallet-Stevens, créateur de la Villa Cavrois à Croix, et de Le Corbusier (qu’il fait venir à Lille en 1933). Les dizaines de maisons qu’il a conçu dans le quartier que nous parcourons aujourd’hui (et dont beaucoup ont malheureusement disparu lors de la construction de la VRU) attestent de son  style très éclectique qui épouse les grands courants architecturaux du début du XXe siècle, de l’Art Déco géométrique bruxellois, en passant par le régionalisme, la période Art and Crafts pour aboutir au modernisme. Sa dernière réalisation, en 1934, rue César Franck est d’ailleurs souvent atribuée par les passants à Mallet-Stevens. L’association Eugénies à Mons tient un blog très documenté sur sa vie et ses réalisations http://pagnerre.blogspot.com/ et organise régulièrement des visites guidées.

Mais Gabriel Pagnerre n’a pas été le seul architecte de ce quartier, et une nouvelle fois Dominique Plancke invite les participants à cette DécouVerte au blog remarquable sur l’art  nouveau dans la métropole : http://art-nouveau-lille.blogspot.com/2011/04/lille-fives-rue-dartagnan-place.html  pour en savoir plus sur les autres architectes du secteur.

 

En contournant la charmante Place Alexandre Dumas, nous laissons à notre droite la rue Berthollet qui se prolonge par la rue Delemar à Mons-en Baroeul.

Les Franciscains ont quitté en 2018 leur couvent au début de la rue Berthollet, mais, malgré les pressions des promoteurs, ont tenu à assurer une transmission de leur bâtiment à une structure qui prolongera leur engagement dans le quartier. C’est une communauté de l’Arche de Jean Vanier qui l’occupe donc désormais.

La rue que nous remontons pour repartir vers St Maurice se partage en son milieu entre Lille et Mons. De la rue Chanzy à Lille, nous arrivons rue Courcot à Mons. Là aussi Gabriel Pagnerre a beaucoup bâti, des deux côtés et sur les deux communes, avec quelques très belles réalisations.

 

 

Le Pont du Lion d’Or, une coupure autoroutière

 

C’est sur le Pont du Lion d’Or qu’en 1843 avait été installé le premier débarcadère de la voie ferrée Paris-Lille avant la construction de la gare de Fives et de celle devenue Lille-Flandres. Depuis la construction de la Voie Rapide, c’est devenu un passage où les piétons qui doivent franchir les bretelles autoroutières pour aller de Lille à Mons en Baroeul ne sont plus les bienvenus. Il est question de travaux prochains qui redonneraient à cet endroit un caractère plus urbain et moins autoroutier. Attendons donc.

 

En regardant vers Lille, on découvre le minaret en construction de la Mosquée El Forkane qui a racheté au Diocèse la chapelle de l’ancien couvent de Dominicaines, et presque dans l’alignement, le clocher de St-Maurice des Champs qui vient d’être restauré par la Ville de Lille.

 

Face à l’entrée de la Mosquée, la rue St Druon abritait naguère l’entreprise Vrau (le fil au chinois), après qu’elle ait déménagé du Vieux-Lille pour prendre la place de l’entreprise de toile Dickson-Constant partie à la Pilaterie. Des logements HLM ont pris sa place.

 

La visite s’achève à 16 h 40 sur la place de la médiathèque de St-Maurice Pellevoisin.

 

Prochaine DécouVerte le samedi 9 février. Sur inscription désormais  !

 

Revisitez les anciennes DécouVertes grâce à nos compte-rendus détaillés : https://lille.eelv.fr/category/vie-du-groupe/decouvertes/

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