Plan Vélo : un bon départ pour un objectif ambitieux
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vélo

A l’occasion de la campagne de la Fubicy « Respectez les cyclistes » qui vient de commencer, voici un point d’étape sur la politique cyclable menée à  Lille et qui compte plusieurs actualités récentes ou en cours : présentation du plan vélo, campagne annuelle « vélo l’esprit tranquille », concours de design pour la réalisation des locaux sécurisés.

Le 11 janvier dernier, Vinciane Faber présentait à l’ADAV le plan Vélo de la ville de Lille, avec l’ambition affirmée de parvenir à une part modale du vélo de 10 % à  l’horizon 2020.

Pour y arriver, le plan vélo prend en compte 4 domaines interdépendants – dans le cadre d’une concertation avec l’ADAV, les conseils de quartier, et les riverains – à savoir :

  • Les aménagements
  • Le stationnement
  • Les services
  • La communication

En somme l’un ne va pas sans l’autre : si l’on ne favorise pas le stationnement des vélos à domicile, les aménagements supplémentaires bénéficient d’abord à ceux qui sont déjà  cyclistes. En étant informés des services et avantages liés au vélo, les habitants sont plus enclins à se mettre en selle. Et puisqu’il convient de traiter ensemble les sujets, ce Plan Vélo veille à s’intégrer de manière cohérente aux politiques générales métropolitaines de déplacements [La voirie est une compétence communautaire]] et d’urbanisme.

Les derniéres études menées sur les habitudes de déplacements des lillois ont déjà mis en évidence le potentiel de notre ville :

  • Faibles distances parcourues (la moitié des déplacements de la métropole ont une distance inférieure à  2 km, 50% des déplacements quotidiens Lille intra-muros / métropole sont inférieurs à  5 km).
  • Progression du vélo à  Lille (39% d’augmentation entre 1998 et 2006) combiné à  une baisse de l’usage de la voiture (situation unique dans la métropole !).

A cela s’ajoutent les politiques menées dés le mandat précédent, qui visaient à améliorer les entrées et sorties de ville, tout comme la sécurité et le confort des cyclistes. Ces actions sont renforcées depuis mars 2008 avec la création d’une délégation à part entière. En juin 2009, on comptait donc à  Lille :

  • 6,5 kilomètres de pistes cyclables,
  • 20,8 kilomètres de bandes cyclables,
  • 9,25 kilomètres de double sens cyclables,
  • 8,21 kilomètres d’aménagements mixtes.

Soit un total de 44,76 kilomètres d’aménagements, actuellement portés à 47 km suite aux travaux engagés en 2009, notamment pour la rue des Pyramides, le pont d’Erfurt, la rue Deschodt.

Adapter la ville aux modes doux et non plus à  la voiture

Les projets à venir sur les 4 domaines cités mettent non seulement à profit de nouvelles dispositions mais s’orientent vers des solutions innovantes :

  • En terme d’aménagements, sur la période 2010-2011, l’accent sera mis sur la mise aux normes des double-sens cyclables [1], qui comportent de nombreux avantages, comme celui de permettre une meilleure visibilité (en arrivant face à  l’automobiliste), une sécurité accrue (portières moins dangereuses, meilleure conscience de l’espace partagé), et davantage de confort (trajets plus courts, itinéraires plus simples).
  • Pour le stationnement, les actions prennent en compte les besoins diversifiés, en courte et longue durée :

> Poursuite de l’installation des arceaux : de 41 arceaux installés en 2001 on est passé à 400 en 2009, pour un total de plus de 1.600 arceaux en place fin juillet 2009, le but étant d’aller au delà  des 3000 arceaux à  la fin du mandat.

> Réflexion sur les sites stratégiques (gares etc…). Et pour valoriser les stationnements de moyenne et longue durée, un [concours de design a été lancé pour la réalisation de locaux sécurisés et fermés qui seront composés d’éco-matériaux ( box de 4/5 places et de 30 places). Deux candidats restent aujourd’hui en lice, après l’examen des 113 projets. Certains de ces projets seront visibles lors de l’exposition « Pignons sur rue » (du 2 avril au 4 juin à  la Maison Folie de Wazemmes).

> Transformation de locaux Numéricable en garages à vélos destinés aux résidents des quartiers denses. L’étude opérationnelle est maintenant en cours pour les 10 premiers locaux sélectionnés, avec des capacités variables.

> Création d’une subvention pour la mise en place de locaux dans les immeubles existants privés (obligatoire dans les constructions neuves) sur le modèle des primes de l’habitat durable.

Il est en effet essentiel de sensibiliser les bailleurs sociaux et les syndics de copropriété afin de les aider à prendre conscience de l’intérêt des locaux à  vélos : pour répondre à une véritable demande, pour éviter l’encombrement d’espaces communs, parce qu’un vélo occupe beaucoup moins de place qu’une voiture, ne génère pas de bruit, etc… Une communication spécifique est prévue sur la mise en place de cette subvention.

Quand on sait que 40 % des ménages à  Lille [Taux bien supérieur à  la moyenne de 26 % pour LMCU]] ne disposent pas de voiture particulière, il est évident que les solutions alternatives choisies par les lillois doivent être prises en compte. On estime d’ailleurs que 90 % des cyclistes potentiels ne le sont pas, par défaut d’offre de stationnement à  domicile (pour un usage régulier).

Ouf, le vélo n’est plus ringard

  • Services et communication : Si les actions à mener pour renforcer la part du vélo relèvent très largement des aménagements (combinés à une modération du trafic automobile) et de l’offre de stationnement, le plan vélo prévoit également deux volets (services / communication, événements) dédiés à  l’incitation à la pratique du vélo et à  sa promotion.

Ainsi, la délégation de service public pour les transports en commun de la métropole vient d’être renouvelée en intégrant à  son cahier des charges une offre de vélo en libre service [2]. Une réflexion est menée dans le même temps sur la forme que ce service pourrait prendre. En effet, on estime à environ 4000 € le coût annuel par vélo dans la formule désormais connue du VLS : au regard d’un montant aussi élevé, il importe de réfléchir à sa mise en œuvre, autour du principe des [vélopoles par exemple.

Des actions connexes visant à promouvoir l’usage du vélo sont prévue à destination du grand public, et des agents des collectivités :

  • La Fête du vélo (du 4 au 6 juin prochain, en partenariat avec l’ADAV et la Quinzaine de l’Entorse dédiée au vélo)
  • La Semaine de la mobilité, rendez-vous annuel européen (en septembre)
  • Campagne annuelle (dédiée en 2010 à  la prévention du vol)
  • Plans de déplacements à  la Mairie de Lille et LMCU, distribution de kits cyclistes aux agents qui s’engagent pour leurs déplacements
  • Aide à la mise en place de vélobus pour les écoliers

Les actions auprès des agents, des bailleurs, des habitants sont primordiales: elles accompagnent le travail d’amélioration des aménagements et du stationnement, afin qu’ils soient bien compris, tout en mettant l’accent sur les atouts propres au vélo, au delà  de l’argument environnemental évident.

Adapté aux besoins de mobilité urbaine, le vélo permet la pratique d’une activité physique régulière, favorise la convivialité, et représente une économie flagrante par rapport à  l’utilisation de la voiture (cette dernière coûtant en moyenne 4650 € par an et par ménage !). [3]

Si aujourd’hui les cyclistes sont souvent jeunes (44 % sont élèves ou étudiants), majoritairement des hommes (60% !) ouvriers et cadres surtout, plus rarement employés… faisons le pari que d’ici 10 ans, la population cycliste se sera franchement diversifiée, à  la faveur des politiques volontaristes qui sont menées dés à  présent.

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Notes[1] Double sens cyclables dans les rues à  sens unique en zones 30, à  partir du 1er juillet 2010[2] Début mars 2 sociétés, Keolis et Véolia, ont remis leurs offres qui seront examinées pendant les 3 mois qui viennent[3] Diagnostic de mobilité LMCU 2006