L’écœurement et la honte
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Voilà de quoi nous sommes saisis en voyant la répression policière comme seule réponse au drame que vivent quotidiennement les migrants de Calais. Voilà  un nouveau pas du gouvernement vers le mépris de la dignité humaine.

Le battage médiatique orchestré par Nicolas Sarkozy et son ministre à l’identité nationale est d’autant plus écœurant qu’il renforce l’idée selon laquelle il n’y aurait d’autre solution que celle de l’inhospitalité, et de l’affrontement. Il est scandaleux parce qu’il fragilise encore les réfugiés dans leur intégrité physique, parce qu’il anéantit le minimum d’entraide, sans diminuer le pouvoir des passeurs, si loin de Calais.

L’attitude du gouvernement nous paraît symptomatique d’une dangereuse fuite en avant dans sa manière de traiter les crises environnementale, sociale, économique. Des effets d’annonces, des coups médiatiques occultent l’absence de vision politique, les mesures dérisoires, l’inaction.

De quels moyens nous dotons-nous pour accueillir plus tard les réfugiés climatiques bien plus nombreux qui rejoindront ceux qui fuient déjà la guerre et la misère ? Ne sommes-nous donc capables de répondre à la détresse que justement par davantage de misère et d’intolérance ? C’est ce que semble dire Nicolas Sarkozy. C’est inquiétant pour le prochain sommet de Copenhague sur le climat : il est pourtant essentiel que ce sommet aborde franchement la question des réfugiés climatiques, alors que le risque est grand d’aboutir à un accord vide de sens.

Déjà  aujourd’hui, le travail acharné et essentiel des associations à Calais se substitue à l’action politique. Au delà , ce sont les ONG qui alertent l’opinion sur les conséquences sociales du dérèglement climatique. Or, les élus ont en la matiére une responsabilité dont ils ne peuvent se décharger sinon les BILAL au destin tragique seront toujours plus nombreux…

Eric Quiquet

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Tribune parue dans Lille Magazine N° 61 – octobre 2009